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On sait comment ils finirent. En 1775, le général-major Sazigof, envoyé contre eux par Catherine II, prit d’assaut pendant la nuit leur setcha (camp fortifié), et les contraignit de se réfugier sur le Danube. Les services qu’ils rendirent dans la guerre contre la Turquie leur firent obtenir de l’impératrice, par un oukase du 2 juin 1792, le territoire où nous les rencontrons aujourd’hui, sur une étendue en largeur de deux cent trente-deux verstes. Les Tchernomorskii ont pour capitale la ville d’Iékatérinodar (don de Catherine), fondée en 1792 sur le Kouban. Ils comptent douze régimens à cheval, forts chacun de six sotnias (centuries) de cent vingt à cent cinquante hommes[1], douze bataillons à pied, chacun de mille hommes, et trois batteries d’artillerie à cheval. C’est du corps des fantassins que sortent les Cosaques guetteurs (plastouny), qui, dans la presqu’île de Taman, tiennent en surveillance les peuplades tcherkesses des environs. Chaussés de nattes, couverts de leur bourka (manteau montagnard en feutre) et armés de fusils rayés à grande portée, ils restent le jour et la nuit sans bouger dans leurs sekrety, au milieu des roseaux, se contentant souvent de pain pour toute nourriture, attentifs au moindre mouvement suspect.

Plus loin et au-dessous s’étend la ligne du Kouban, qui protège la contrée en amont de ce fleuve et de ses affluens, depuis l’embouchure de la Laba jusqu’au-delà de Piatigorsk. Elle comprend sept doubles régimens à cheval, portant les noms, numérotés 1 et 2, du Caucase, de la Laba, de l’Ouroup, du Kouban, de Stavropol, de Khoper et du Volga, deux bataillons à pied et trois batteries d’artillerie. Les Cosaques de la ligne du Kouban, comme ceux du Térek, sont issus des anciennes colonies fixées autrefois sur le Don, et Grands-Russiens d’origine, à la différence des Tchenromorskii, qui proviennent de la Petite-Russie. Dans la suite des temps, les uns et les autres se sont accrus d’émigrations nouvelles arrivées de l’Ukraine, du Don et de l’Oural : c’est ainsi que le régiment de Vladikavkaz est un reste de l’un des quatre corps de Cosaques de l’Ukraine qui se joignirent à l’armée russe contre la Pologne en 1831. À la suite de cette guerre, il fut cantonné au Caucase, dans la Kabarda. À Naltchik, près d’Iékatérinograd (ville de Catherine)[2], commence la ligne du flanc gauche ; elle se divise ainsi : huitième brigade, régimens Gorskii (montagnard) et de Vladikavkaz ; neuvième brigade, régimens de Mozdok et de la Sounja ; dixième brigade, régimens de Kizliar et Grebenskoï, en tout six régimens.

Le régiment Grebenskoï est célèbre entre tous par la prestance

  1. Le règlement de 1845 a fixé à huit cent quatre-vingt-quatre hommes l’effectif de chaque régiment à cheval.
  2. La ville d’Iékatérinograd est située sur la Malka, à douze verstes au-dessus de l’embouchure de cette rivière dans le Térek. Elle fut fondée en 1777.