abruptes et de vallées profondes, n’a point exigé la même extension de lignes militaires que le côté opposé. Elles s’y réduisent à deux, mais toutes les deux d’une importance majeure : la grande ligne du Kouban, depuis la presqu’île de Taman jusqu’à Stavropol, d’où elle s’enfonce, en pénétrant dans le cœur du Caucase, jusqu’au pied de l’Elbourz, et la ligne de la Laba, qui vient s’adapter, en formant deux angles de grandeur inégale, à celle du Kouban, et dont le créateur est le général Véliaminof, ancien gouverneur du Caucase. L’établissement du cordon de la Laba a eu pour résultat de refouler les Tcherkesses, des belles terres qu’ils occupaient entre cette rivière et le Kouban, sur les hauteurs où ils sont relégués maintenant.
Cet ensemble de lignes, en y rattachant celle de la Mer-Noire, a été réparti, jusqu’en 1856, en trois divisions ou commandemens, et ensuite en deux seulement, à la tête desquels étaient en 1859 le général Philipson au flanc droit, le général Yevdokimof au flanc gauche[1]. La limite de séparation est la grande route militaire du Caucase. L’armée du Caucase a pour chef suprême le lieutenant (namiestnik) de l’empereur, titre équivalant à celui de vice-roi ou gouverneur-général, investi de pouvoirs illimités. Elle se compose de deux élémens distincts : les troupes régulières, c’est-à-dire les régimens qui font partie du cadre général de l’armée russe, et qui constituent au Caucase la force, compacte, écrasante, et les troupes irrégulières, c’est-à-dire les Cosaques et les milices indigènes, qui représentent la force mobile. Les positions qu’occupe l’armée régulière par rapport aux grandes lignes stratégiques en ont déterminé le fractionnement en quatre corps principaux. Chacun de ces corps admet une division d’infanterie de ligne, un certain nombre de bataillons d’infanterie chargés principalement de la garde des forts, un bataillon de tirailleurs (strelki), un régiment de cavalerie, une brigade d’artillerie, et plusieurs compagnies de sapeurs et pionniers[2]
Chaque division, commandée par un lieutenant-général, est formée de deux brigades ayant chacune à sa tête un général-major.
- ↑ Une mesure toute récente fin 1859 a réuni le flanc droit et le flanc gauche, ainsi que la ligne de la Mer-Noire, sous un seul commandement, confié au général Yevdokimof Nicolas Ivanovitch. Le général Philipson Grigorii Ivanovitch a été nommé chef de l’état-major-général, en remplacement de l’adjudant-général Milioutin Dmitrii Alexéïévitch, qui s’est retiré pour cause de mauvaise santé.
- ↑ Les quatre corps de l’armée du Caucase sont répartis dans l’ordre suivant :
1° Flanc droit : — cavalerie, dragons de Tver ; — 19e division d’infanterie : régimens de Crimée, Stavropol, Sévastopol et du Kouban ; — bataillons de ligne no 1 à 6.
2° Flanc gauche : — dragons de Nijni-Novgorod ; — 20e division d’infanterie : régimens de Tenghinsk, Navaghinsk, de la Koura et de la Kabarda ; — bataillons de ligne no 7 à 13.
3° Ligne de la Mer-Caspienne : — dragons Severskii ; — 21e division d’infanterie : régimens d’Apschéron, du Daghestan, du Samour et du Schirvan ; — bataillons de ligne no 14 à 19.
4° Ligne lesghienne : — dragons de Péréiaslav ; — infanterie d’élite : grenadiers d’Érivan, de Géorgie, de Tiflis et de Mingrélie ; — bataillons de ligne no 20 à 29.
Un cinquième corps de huit bataillons de ligne, no 30 à 37, protège la Géorgie occidentale et les abords de la Mer-Noire, du côté de Poti. Son chef-lieu est à Koutais, capitale de l’Iméreth.
Les batteries d’artillerie sont de huit pièces, il y a quatre batteries par division, une par régiment, en tout seize batteries, dont quatre de gros calibre, six légères et six de montagne. L’artillerie des Cosaques du Don et de la ligne du Caucase est surtout en réputation ; elle passe pour la meilleure de toute l’armée russe.
Ces forces, qui composent l’armée permanente, l’armée du Caucase proprement dite, se sont accrues, depuis l’avènement du prince Bariatinsky, de corps appelés comme auxiliaires des autres provinces de l’empire : la 13e division d’infanterie, qui comprend les régimens de Brest-Litovskii, Belostok, Lithuanie et Vilna, et la 18e, dont les régimens sont ceux de Riazan, Riajk, Bélev et Toula.