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serait oiseux d’ajouter les nôtres. Nous nous contenterons de constater qu’une détente marquée paraît s’être produite dans les relations naguère si aigres de la Prusse et des états secondaires de l’Allemagne. On annonce que la réconciliation s’opérerait dans la question de l’organisation de l’armée fédérale, que la Prusse renoncerait à une portion de ses idées sur la réforme des institutions militaires de la confédération, et que les petits états auraient égard, de leur côté, à quelques-unes des exigences légitimes de la Prusse. Il paraît que dans ce rapprochement le premier rôle aurait été joué par le roi de Wurtemberg, qui n’est pas seulement le plus vieux, mais le plus intelligent des souverains allemands, et qui, de l’autre côté du Rhin, a une compétence et une autorité particulières dans les questions militaires. Nous ne quitterons pas la Prusse sans exprimer le regret que nous a fait éprouver un des derniers incidens de la session. Il s’agit d’une de ces complications de police dans le genre de celles qui ont causé de si tristes mésaventures au précédent ministère. Il paraît que la direction de la police du duché de Posen, avec un maladroit machiavélisme dont il est difficile de comprendre le but, aurait, sous un prête-nom, établi avec le comité révolutionnaire de Londres une correspondance qui aurait décidé ce comité à envoyer un agent dans le duché, et à essayer de compromettre d’honorables et paisibles citoyens. Une interpellation a été adressée à ce sujet à M. de Schwerin par un député polonais, M. Niegolewski, qui s’était procuré les preuves de cette conspiration de police et en a déposé les pièces sur le bureau de la chambre. À cette interpellation précise et appuyée des autographes qui prouvent la culpabilité des agens provocateurs prussiens, M. de Schwerin a fait une réponse évasive. Nous le répétons, on ne comprend pas que le gouvernement prussien, qui aspire à diriger l’Allemagne libérale, tolère de pareils moyens de police, et s’expose ainsi à donner des griefs sérieux à cette intéressante portion de la Pologne qui, en échange de la nationalité perdue, devrait au moins s’attendre à trouver sous le sceptre de la Prusse les honnêtes garanties de la liberté.

Les efforts que fait lentement l’Autriche pour se rallier les populations désaffectionnées de la Hongrie n’ont produit encore aucun résultat décisif. Les Hongrois n’y voient que des demi-mesures et par conséquent d’insuffisantes concessions. La Hongrie semble avoir mis à profit l’exemple de l’Italie. La constance de son patriotisme national a résisté à tous ses malheurs, et elle ne se laisse pas pousser par les circonstances, qui lui permettent aujourd’hui d’espérer, à de téméraires emportemens. Elle s’affirme et ne sera pas satisfaite à moins de redevenir tout ce qu’elle a été. On s’étonne, en présence de cette imposante attitude d’une nation qui, quoique lasse du joug, n’a point renoncé encore à être fidèle, que la cour de Vienne ne fasse pas de bonne grâce les sacrifices nécessaires, et hésite à retremper sa puissance au sein du peuple qui en a toujours été et qui pourrait plus que jamais en être dans l’avenir le principal foyer.

L’Espagne présente en ce moment un consolant spectacle aux amis des