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frais de toute nature s’élèvent à 50 pour 100 du produit brut[1] ; la faiblesse de ces chiffrés doit être attribuée à ce que dans ces pays on délivre annuellement soit à des usagers, soit aux classes nécessiteuses, une certaine quantité de bois au-dessous de sa valeur réelle. Ce revenu, si peu considérable déjà, le serait moins encore, si l’on tenait compte du capital bois engagé dans l’exploitation de ces forêts, et si l’on ajoutait aux dépenses de gestion et d’entretien l’intérêt de la valeur du sol et de la superficie. En n’estimant le sol qu’à 150 francs l’hectare, dans bien des cas les forêts donneraient à peine un revenu de 1/2 pour 100. M. Robert Pressler a calculé qu’une forêt de pins aménagée à quatre-vingts ans ne rapporte guère que 1,8 pour 100 du capital sol et superficie qu’elle représente ; une forêt d’épicéas aménagée à cent ans, 1,6 pour 100 ; une forêt de hêtres à cent vingt ans, 1,4 pour 100.

Ces chiffres prouvent, comme nous l’avons déjà remarqué, que ces pays sont trop boisés pour la population ; les forêts recouvrent en Bavière et dans le duché de Bade les 32 centièmes de la superficie totale ; en Prusse, les 23 centièmes ; en France, les 16 centièmes seulement. Cette étendue serait plus que suffisante pour satisfaire à nos besoins, si l’exploitation en était réglée en vue de la plus grande production en matière ; mais il s’en faut de beaucoup qu’il en soit ainsi, puisque nous importons chaque année pour 70 millions de produits ligneux de plus que nous n’en exportons. D’après M. Tassy, la production actuelle de nos forêts, qui n’atteint pas 38 millions de mètres cubes, pourrait, par un traitement plus rationnel, être portée à 51 millions, dont moitié au moins serait propre à l’industrie. Ce serait un revenu annuel de 678 millions de francs, supérieur de près de 300 millions au revenu actuel ? 300 millions, telle est la plus-value annuelle que nous donnerait la simple substitution du régime de la futaie à celui du taillis[2]. Et si

  1. D’après une statistique officielle publiée tous les ans à Berlin Taschenbuch fur Forst und Jagdmänner, chez Julius Springer, l’étendue des forêts domaniales en Prusse serait de 2,016,490 hectares
    fr.
    produisant 23,718,750
    Les frais s’élèvent à 11,403,375
    Il reste comme produit net 12,225,375


    ou environ 6 francs par hectare.

  2. fr. fr.
    Le produit total des forêts domaniales en 1858 a été de 32,217,979
    La contribution payée par les communes pour frais d’administration est de 1,800,000 34,017,979
    Les dépenses se répartissent ainsi qu’il suit :
    Administration centrale 240,700
    Personnel actif 4,610,300
    Améliorations, repeuplemens 2,023,000
    Dépenses diverses 752,500 7,626,500
    Il reste comme produit net 26,391,479


    soit environ 25 fr. par hectare pour 1,077,000 hectares de forêts domaniales.