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lui donne de blé et de paille, est-il moins important pour le sylviculteur de connaître le rendement en bois ? n’est-ce pas au contraire la première chose dont il devrait s’enquérir pour se rendre compte du bénéfice de son entreprise ? Cependant nous n’avons en France rien de précis à cet égard, et nous sommes le plus souvent obligés d’avoir recours aux tables allemandes, qui ne conviennent qu’imparfaitement au sol et au climat de notre pays[1].

La possibilité dans les futaies ne se détermine cependant pas toujours ainsi que nous venons de le dire. On a pensé avec raison que le plus souvent une égalité mathématique des produits d’une année à l’autre n’est que d’une importance secondaire, et que le point essentiel dans un aménagement, c’est, tout en évitant des variations trop sensibles, d’assurer l’ordre et la régularité des opérations, On arrive à ce résultat en combinant la possibilité par volume avec la possibilité par contenance, de manière à localiser les exploitations pendant un laps de temps donné, dans une partie déterminée de la forêt. Cette méthode, à laquelle M. Parade a su donner le cachet de netteté et de rigueur qui caractérise son esprit, est connue sous le nom de méthode simplifiée. L’application en est des plus faciles. Elle repose sur les mêmes principes que celle qui est employée dans les taillis, avec cette différence qu’au lieu de préciser à l’avance l’étendue à exploiter chaque année, on affecte une partie de la forêt aux opérations à exécuter pendant plusieurs années, de manière à ce qu’on puisse se mouvoir dans des limites moins étroites pour asseoir les coupes jugées nécessaires.

Si l’on a par exemple une forêt aménagée à la révolution de cent ans, on concentrera pendant vingt années les exploitations sur les parties âgées aujourd’hui de quatre-vingts à cent ans, sans s’occuper du surplus de la forêt autrement que pour y favoriser la croissance et le développement des arbres. Au bout de ces vingt années, lorsque tous ces vieux bois auront été abattus et qu’ils auront fait place à une nouvelle forêt, on portera les coupes sur les parties voisines

  1. « Il serait très désirable, dit M. Tassy, que l’on s’occupât activement de la formation de tables de production indiquant, pour les conditions déterminées de végétation, la marche de l’accroissement des principales essences de notre pays. Il ne le serait pas moins qu’on établît par des expériences consciencieuses l’influence que l’âge, le sol, le climat et le mode d’exploitation exercent sur les qualités de ces essences. Le chêne de la Meurthe est moins estimé pour le chauffage que celui de la Bourgogne : en sait-on la raison ? Le chêne du nord dure, dit-on, beaucoup moins que celui du midi ; on assure que des vaisseaux construits avec le premier sont hors de service au bout de sept ou huit ans, tandis que ceux qui sont construits avec du bois de Provence se conservent plus de quinze ans. Ce sont la des assertions à vérifier. Quels services l’administration ne rendrait-elle pas à l’état, au commerce, a l’industrie, si elle pouvait dire : dans cette région le bois est propre à tel usage ; il se distingue dans celle-ci par telle qualité ! »