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défendez toujours quelques-uns de nos droits. » Malgré les dissentimens qui nous séparent de l’illustre procureur-général, nous reconnaissons volontiers que c’est un honneur pour lui d’avoir mérité un tel éloge, et nous nous approprierons la pensée de M. Daru en exprimant le regret que, grâce à la fortune politique de sa carrière, M. Dupin ait cessé d’avoir des cliens. Que ne pouvons-nous être ses cliens nous-mêmes ! S’il avait à nous disculper d’involontaires et innocentes erreurs, nous lui donnerions du moins des droits sérieux à défendre. L’autre jour, en essayant d’élucider la question des rapports de la presse avec le corps législatif, en examinant s’il ne serait pas avantageux à la vie politique du pays d’associer les discussions de la presse aux débats de notre assemblée représentative, en cherchant à tâtons les franchises que pouvait nous laisser à cet égard la légalité de 1852, nous sommes tombés imprudemment sous l’épaisse férule d’un organe du principe d’autorité dûment pénétré de la grave et imposante fonction qu’il remplit. Dans notre timide recherche, nous avions, en passant, cru indiquer l’objet d’une discussion du sénat qui était demeurée énigmatique pour le public. Le Moniteur n’avait pas fait connaître l’objet de cette discussion ; le journal officiel s’était contenté d’annoncer qu’il s’agissait d’une proposition tendant à modifier l’article 38 du règlement du sénat, sans publier le texte de la proposition ni les dispositions de l’article 38. Notre embarras n’était pas moindre que notre curiosité, car enfin, comme nous le confessions ingénument, tout le monde ne porte pas dans sa poche le règlement du sénat. Avisant un recueil officiel et tombant sur l’article 38 du décret qui règle l’organisation du sénat, trouvant dans cet article, qui pourvoit à la nomination des employés, et dans un grand nombre d’autres articles du même document des dispositions semblables à celles qui forment la matière ordinaire des règlemens d’assemblée, nous crûmes témérairement avoir découvert le précieux secret. Un journal trop accoutumé à l’adulation pour avoir conservé l’habitude de la politesse nous apprend que nous avons confondu le décret organique avec le règlement intérieur. Eh bien ! soit ; mais notre ignorance était-elle si surprenante ? Nous avons mal vu ; mais qui avait oublié d’allumer la lanterne ? Pourquoi ce journal, qui a le droit de savoir et de dire ce qui se passe au sénat, a-t-il tant tardé à nous apprendre que « cette assemblée avait consacré plusieurs séances à une discussion sérieuse sur un intérêt des plus graves, sur ce droit de pétition si respectable, et dont nous n’usons peut-être pas assez ? » Hélas ! sans notre utile erreur, felix culpa, nous serions encore à attendre cette bonne nouvelle et la patriotique exhortation qui l’accompagne !

À la suite du progrès que le droit de pétition, comme nous venons de l’apprendre, vient d’accomplir au sénat, mentionnons une pétition de M. Louis Couture, dont les intentions politiques ne sauraient être suspectes, qui demande la publicité pour les séances du sénat où sont discutées les pétitions des citoyens : M. Couture n’a pas de peine à démontrer que cette publicité serait la plus réelle garantie du droit de pétition. Constatons