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province dans un congrès qui se réunirait pour réformer la constitution fédérale « aussitôt que le général Urquiza se retirerait de la vie publique. » C’était toujours la même difficulté ; il y avait vraiment trop peu de chances de s’entendre, et M. Yancey, un peu moins avancé le 15 août que le 6 juillet, déclarait sa médiation terminée.

Ce n’était point la dernière tentative de conciliation qui devait se produire. La mission malheureuse de M. Yancey était suivie peu après de deux médiations, — l’une exercée par le Paraguay, — l’autre proposée par les trois gouvernemens réunis de la France, de l’Angleterre et du Brésil, — et par une singularité de plus en cette affaire, c’est la moins importante en apparence qui devait amener un dénoûment. Comment le rôle de ces trois dernières puissances s’est-il effacé devant l’intervention d’un petit état américain ? C’est que la médiation du Paraguay avait été offerte et acceptée à Parana dès le 22 août, — peut-être même était-elle le résultat de combinaisons antérieures, — tandis que les représentans de la France et de l’Angleterre n’étaient en position d’offrir leurs bons offices qu’à la fin de septembre. On eut l’idée un moment de réunir tous ces efforts et de ne former qu’une seule et même médiation ; cela ne put réussir. Quoi qu’il en soit, le fils du président du Paraguay, le général Solano Lopez, arrivait au commencement d’octobre dans la Plata, muni de tous les pouvoirs nécessaires, et le ministre de France à Parana, M. Lefebvre de Bécour, ne tardait pas à se rendre lui-même à Buenos-Ayres avec le chargé d’affaires d’Angleterre à Montevideo et le plénipotentiaire brésilien, dont les lenteurs avaient peut-être contribué à entraver cette intervention de l’Europe. Dans tous les cas, cette médiation des grandes puissances restait une dernière ressource, et la présence des agens européens ne pouvait que venir en aide au médiateur qui avait réclamé son droit d’antériorité.

Le général Solano Lopez se mit à l’œuvre dès son arrivée à Buenos-Ayres. Le résultat de ses premières démarches ne fut pas d’un bon augure. Le gouvernement de Buenos-Ayres ne mettait pas moins d’obstination que par le passé à refuser une suspension d’hostilités que le général Urquiza demandait toujours pour pouvoir traiter. Seulement, après l’insuccès de la mission de M. Yancey, Urquiza croyait de sa dignité de montrer un peu plus de hauteur ; il ne consentait plus à envoyer ses plénipotentiaires à Buenos-Ayres, il exigeait que les plénipotentiaires de Buenos-Ayres se rendissent à son quartier-général. Le médiateur paraguayen essayait vainement de tout concilier ; il était tout près de voir échapper de ses mains le fil de cette négociation, lorsqu’il reçut tout à coup un secours inattendu des événemens.

Pendant ce temps, les armées des deux belligérans s’étaient peu