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donc dans leurs quartiers, et tout fut fini pour le moment. Il n’en résulta pour le président qu’une perte de 500 hommes, qui avaient profité de l’événement pour déserter.

Un mois était à peine écoulé, qu’une tentative de révolution plus sérieuse éclata à Quito, et ici c’était tout le parti conservateur, c’est-à-dire l’ensemble des classes éclairées et cultivées, qui composait ce mouvement, d’un caractère plus politique que celui de Guayaquil. Un gouvernement provisoire se forma. Le mouvement de Quito gagna immédiatement les provinces de Imbabura, Pichincha, Chimborazo. Il ne restait à Roblès que Guayaquil et Cuença, qu’il s’agissait de lui enlever en provoquant, s’il était possible, la défection de son armée. C’est ce dont se chargea M. Garcia Moreno, qui partit de Quito avec 5 ou 600 hommes, ramassés à la hâte, tandis que de son côté le général Urbina accourait avec des troupes pour étouffer l’insurrection. Les deux partis se rencontrèrent à Tamburuc. Garcia Moreno eut la témérité d’aller se jeter sur Urbina, qui avait des forces supérieures, des soldats mieux disciplinés, mieux armés, et qui de plus avait su se réserver l’avantage de la position. Il fut battu et compromit tout. Urbina rentrait bientôt victorieux à Quito, et cette seconde tentative de révolution avait encore échoué. Pourtant Roblès et Urbina n’en étaient pas moins désormais sérieusement menacés.

Castilla, voyant l’insuccès de ces diverses tentatives de révolution intérieure et délivré de la médiation, résolut d’agir plus énergiquement. L’amiral péruvien Mariategui resserra le blocus de Guayaquil ; la ville commençait à souffrir cruellement, et manquait déjà de vivres et d’eau douce. Mariategui donna un délai de trois jours pour l’évacuation de la ville. Le commandant militaire de Guayaquil était le général Franco, qui jusque-là n’avait pas séparé sa cause de celles de Roblès et d’Urbina, et qui dans ce moment même paraissait fort disposé à se défendre. Sur ces entrefaites, le chargé d’affaires d’Espagne, M. Heriberto Garcia de Quevedo, intervint, dit-on, pour faciliter une rencontre entre l’amiral péruvien et le commandant de la ville. De cette entrevue sortit une convention signée le 21 août 1859 par les deux chefs des forces belligérantes. L’approbation du gouvernement supérieur de l’Equateur n’était pas même stipulée. C’était, à tout prendre, une véritable défection de Franco.

Roblès était déjà rentré à Quito depuis quelque temps ; son embarras fut grand au premier bruit de cette péripétie inattendue. Sans approuver ni désapprouver la convention du 21 août, ce qu’on ne lui demandait pas au surplus, il partit pour Guayaquil à tout hasard ; mais sur la route, à Huaranda, il fut informé par Urbina qu’en présence des événemens qui venaient de s’accomplir, on ne