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armée régulière, il trouvait dans les provinces des partisans qui se levaient pour le défendre, — anciens gouverneurs, licenciés transformés en généraux, chefs de bandes toujours prêts à piller et à rançonner le pays sous un drapeau quelconque. La cause dite constitutionnelle avait également au nord l’appui d’un personnage qui n’a pas été le moins curieux dans ces dernières années, M. Santiago Vidaurri. Portant lui-même du sang indien dans les veines, opiniâtre et énergique, ayant la tête pleine de quelques idées confuses, et de plus d’ambition encore, M. Vidaurri avait passé trente ans à se frayer le chemin du pouvoir, et il y était arrivé, régnant à peu près en maître dans les provinces limitrophes des États-Unis, qu’il a menacé plus d’une fois de détacher du Mexique pour former Une république nouvelle de la Sierra-Madre. Pour le moment, c’était un auxiliaire de M. Juarez.

La lutte était ainsi engagée. La première nécessité pour le gouvernement qui siégeait à Mexico, c’était évidemment de briser ce réseau de résistances qui se formait autour de lui, pour arriver à pacifier la république, et à l’organiser d’une façon un peu plus régulière. Au nord, du côté de l’état de Jalisco, un corps d’armée, envoyé sous les ordres de deux jeunes officiers énergiques, Osollo et Miramon, obtint d’abord quelques succès. Osollo faisait capituler. plusieurs chefs constitutionnels ; il s’emparait de quelques villes et poursuivait victorieusement la campagne, lorsqu’il fut subitement frappé à mort dans un combat. C’était une perte pour le gouvernement de Mexico, car Osollo était un officier de capacité et de résolution dont on attendait beaucoup. Cette perte fut réparée toutefois par la présence au camp de l’armée du nord d’un homme tout jeune encore, également vigoureux, et qui allait bientôt prendre un rôle considérable dans les affaires du Mexique : c’était le général Miguel Miramon, qui avait été jusque-là le lieutenant d’Osollo, et qui passait au premier rang par la mort de ce dernier. Miramon prit avec une énergie nouvelle la direction de la guerre. Doué d’une vive intelligence militaire, plein de confiance en lui-même, il montra une activité infatigable, battit les factieux en toute rencontre, et releva l’ascendant du parti conservateur de telle façon que peu à peu tous les regards se tournèrent vers ce jeune général, à qui rien ne pouvait résister.

Les victoires de Miramon demeuraient par malheur assez stériles et n’avaient aucun résultat politique. Tandis que l’armée du nord, habilement conduite, battait les constitutionnels, l’armée de l’est, commandée par le général Echeagaray et dirigée contre la Vera-Cruz, perdait le temps à des opérations impuissantes. Le gouvernement de Mexico se montrait lui-même dépourvu de tout esprit d’initiative ; il vivait d’expédiens et ne tirait aucun profit des avantages