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opposée. Ayant réuni ses généraux, il leur signifia son intention arrêtée de livrer immédiatement bataille aux Russes. Après une discussion de quelques instans, où les généraux Guyon et Bystrzonowski eurent comme d’habitude de la peine à se mettre d’accord, le plan de ce dernier fut adopté. Il consistait essentiellement à assaillir tout d’abord les hauteurs du Kara-Iel, qui formaient, ainsi que nous l’avons dit, la clef de la position. L’armée turque, à cet effet, était répartie ainsi qu’il suit :


AVANT-GARDE. — Liva : Abderrhaman-Pacha. 5 bataillons 2,340
« 1 batterie 50 2,390
« Bachi-bosouks 1,200
PREMIER CORPS. — Ferik : Kérim-Pacha. 20 bataillons li,911 j 11,911
« 16 escadrons 2,058
« 6 batteries 680 14,649
DEUXIEME CORPS. — Ferik : Vély-Pacha. 23 bataillons 12,173
« 20 escadrons 3,072
« 7 batteries 780 16,025
« Bachi-bosouks 3,500
Total général de l’armée[1] 37,704

L’avant-garde de cette armée devait se mettre en marche à onze heures du soir ; une demi-heure après, le premier corps, commandé par Kérim-Pacha ; une autre demi-heure après, l’échelonnant à gauche, le deuxième corps sous les ordres de Vély-Pacha. Le Kara-Iel une fois enlevé, Kérim-Pacha devait appuyer son aile droite à la colline et aborder l’extrême gauche de l’armée russe. Il était probable que l’ennemi, se voyant attaqué de ce côté, rectifierait son ordre de bataille, pivoterait sur sa gauche et avancerait à droite pour déborder les Turcs au moyen de sa nombreuse cavalerie. Le mouchir lui opposerait les vingt-six escadrons et les trois mille cinq cents bachi-bozouks qu’il avait en réserve, et ferait en même temps effort contre le centre de l’ennemi pour le rejeter dans le Kars-Tchaï. Ce plan, on le voit, était simple[2]. Il fallait sans doute, pour arriver à portée de l’armée russe, exécuter une marche de nuit ; mais justement cette nuit-là était parfaitement claire. La lune, dans son dernier quartier, n’était voilée par aucun nuage. L’extrême transparence de l’atmosphère

  1. Cet état de situation nous a été communiqué par le général Bystrzonowski. Il ne comprend que les troupes engagées le jour de la bataille.
  2. Voyez sur les détails de ce plan la relation publiée par le général Bystrzonowski dans le Spectateur militaire 1858.