par les nécessités de l’ordre temporel, de même que le prince, étant prêtre, est souvent gêné aussi dans l’exercice de son pouvoir politique par les obligations de l’ordre spirituel. Ce sont là des embarras assurément, mais ces embarras-là ne sont pour rien dans la querelle des investitures et dans la lutte immémoriale du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Qu’est-ce qui l’emportera dans ce monde du principe spirituel ou du principe temporel ? Qu’est-ce qui régnera et qui gouvernera, la couronne ou la tiare, le sabre ou la crosse ? Voilà quel est le débat qui a rempli l’histoire moderne. S’imaginer qu’ôter au pape sa principauté temporelle en Italie, ce serait lui ôter sa prépotence spirituelle, grande erreur. Le pape aura beau n’être plus à Rome, il sera toujours le pape, le chef du spiritualisme catholique, et à ce titre il aura toujours le droit, s’il plaît aux rois et aux empereurs de nommer des évêques comme ils nomment des préfets, de refuser à ces préfets le pouvoir de lier et de délier les consciences. Prisonnier à Fontainebleau, le pape Pie VII luttait contre l’empereur ; il n’avait pourtant plus un pouce de terre en Italie : en quoi son pouvoir spirituel se trouvait-il affaibli ? en quoi la vieille guerre entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel était-elle moins ardente ? Pie VII à Rome, encore prince, encore indépendant, aurait-il mieux soutenu la lutte que Pie VII captif et dépouillé de ses états ?
Les querelles que les papes ont eues avec les souverains de la France n’ont presque jamais eu pour cause la principauté temporelle des papes en Italie. C’est lorsque la France a voulu s’établir et régner en Italie, sous Charles VIII, sous Louis XII et sous François Ier, c’est alors seulement que la France a eu les papes pour ennemis. Alors le pape, comme prince italien, a combattu, même avec les armes spirituelles, pour défendre ou pour recouvrer son indépendance italienne, pour augmenter ses états. Alexandre VI se ligue avec les Vénitiens, les Espagnols et les Allemands, pour arracher l’Italie à Charles VIII, qui l’a conquise en courant ; Jules II en fait de même contre Louis XII. Ce ne sont pas les papes seuls qui, à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, s’efforcent d’affranchir l’Italie du joug de la France ; ce sont tous les princes italiens, petits et grands. Comme la France, à cette époque, revendique à la fois le duché de Milan et le royaume de Naples, c’est-à-dire l’Italie du nord et l’Italie du midi, il ne faut pas s’étonner de cette conspiration universelle des Italiens contre nous. L’Italie veut dès ce moment rejeter de son sol ce qu’elle nomme les barbares ; seulement elle s’y prend mal. Elle appelle les Espagnols et les Allemands pour repousser les Français, elle appellera plus tard les Français pour repousser les Espagnols. — L’unité de l’Italie,