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clure à l’identité absolue de la physique atmosphérique des grandes montagnes avec celle des contrées polaires.

Il y a des lignes isobarométriques comme il y a des lignes isothermes ; elles servent à unir les points du globe où l’amplitude moyenne des oscillations du baromètre, déduite des extrêmes de chaque mois, est la même. Si l’on trace sur la sphère la succession de ces lignes graduées par une différence de 4 ou 5 millimètres dans l’élévation du mercure, on voit qu’elles se distribuent à peu près comme les latitudes. Les différences entre le maximum et le minimum moyens du mois vont en croissant à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur. Cette distribution des lignes isobarométriques est la conséquence de celle des températures, car les changemens de poids de l’atmosphère sont étroitement liés aux effets de la chaleur. Plus on s’élève en latitude, plus les variations de température sont prononcées et fréquentes, plus par conséquent l’amplitude des oscillations barométriques doit augmenter.

On a vu qu’au sommet des montagnes les extrêmes de température vont en se rapprochant, ce qui fait qu’à mesure qu’on s’élève, on redescend en réalité l’échelle des lignes isobarométriques, et la gradation dans le sens vertical, au lieu de reproduire la succession des étages qui conduisent au pôle, ramène vers l’équateur. Ainsi, dans les hautes régions de l’air, la pression atmosphérique, de même que la température, ne doit plus offrir de variations bien sensibles en dehors des causes accidentelles de perturbation ; mais, ainsi que l’ont constaté MM. Schlagintweit, jusqu’à une altitude d’environ 3 800 mètres, les variations du baromètre sont encore très prononcées.

Dans l’étude des mouvemens réguliers de l’atmosphère et des changemens de pression, il est nécessaire de tenir compte d’une foule d’anomalies locales qui masquent momentanément l’intervention des lois naturelles. En voici un exemple. Les deux observateurs que je viens de nommer se sont aperçus qu’au sommet de certains pics, ou sur le versant escarpé d’un plateau, le baromètre accusait quelquefois un maximum à l’heure même où un autre baromètre marquait un minimum dans la vallée inférieure. Ce fait se produit assez fréquemment dans les Alpes entre deux et quatre heures de l’après-midi, à l’époque périodique où le baromètre atteint vers ce moment du jour son degré le plus bas. MM. Schlagintweit ont bien vite saisi la cause de cette anomalie. Dans la vallée, entre deux et quatre heures, le sol est échauffé par les rayons du soleil qu’il reçoit depuis le matin, la température s’élève, l’air devient moins dense et plus sec, le baromètre baisse ; mais sur un versant qu’avoisine un glacier, source continue de froid, sur un pic isolé qui perd à chaque