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après quoi l’ascension recommence, et un second maximum est indiqué vers dix heures. Toutefois les hauteurs et les abaissemens de cette marée atmosphérique ne se correspondent point exactement dans la période d’une journée : l’accroissement du soir est bien moins marqué que celui du matin, qui en représente environ le quadruple, tandis que la diminution du soir est double de celle du matin. Il suit de là que la plus grande différence entre deux indications d’un même jour est celle qu’on obtient en retranchant le minimum du soir du maximum du matin ; c’est ce qu’on appelle la grande période. C’est elle qu’il est important de noter pour connaître chaque jour la plus forte amplitude des oscillations du baromètre.

On vient de voir que le chiffre de la grande période décroît à mesure que l’on remonte l’échelle des latitudes. Si l’on gravit une montagne jusqu’au sommet le plus élevé, on observe une pareille diminution dans la marche oscillante du baromètre, ainsi que l’ont montré des observations faites en différentes villes de Suisse d’altitude inégale, au Rigi, au Faulhorn. Le fait s’explique du reste aisément. Plus on s’élève, plus les oppositions de température entre le jour et la nuit s’amoindrissent, plus le poids de la colonne d’air diminue, moins par conséquent la différence entre deux de ces poids doit être grande. Ainsi les montagnes offrent, à mesure qu’on se transporte dans des stations de plus en plus élevées, un rapport chaque fois plus marqué avec les contrées qui avoisinent le pôle. L’air dont les hautes cimes sont environnées est soumis à des conditions analogues à celles que présente l’air à des latitudes fort éloignées de l’équateur. En marchant vers le pôle comme en s’élevant dans l’atmosphère suivant la verticale, on se rapproche de plus en plus d’un milieu où les causes nombreuses de variations qui se produisent à la surface du sol tendent à disparaître.

La ressemblance ne s’arrête point à l’état barométrique ; elle se manifeste aussi pour la température. Dans les hautes régions en effet, les inégalités que l’on constate pour les régions basses dans la distribution de la chaleur s’effacent graduellement. On représente cette distribution sur le globe par des lignes qui réunissent tous les points d’égale température annuelle moyenne ; c’est ce que l’on appelle les lignes isothermes. Si la chaleur se distribuait uniquement en raison de la position des diverses contrées de la terre par rapport au soleil, les lignes isothermes coïncideraient avec les cercles de latitude ou parallèles. Il n’en est rien, et la distribution des lignes isothermes présente de nombreuses irrégularités, des inflexions et des contournemens dépendant d’une foule de causes locales ; mais si l’on s’éloigne du niveau des mers, si l’on ne considère que des régions élevées, on voit ces grandes irrégularités s’at-