de railler l’ambition patriotique, voyaient dans ces symptômes de conciliation la promesse que l’influence de l’Allemagne ne tarderait pas à se faire sentir dans les affaires générales de l’Europe au grand avantage de la Prusse. Les états secondaires, disent les politiques auxquels nous faisons allusion, peuvent, sans blessure pour leur amour-propre, se tenir à l’écart des grandes négociations européennes, puisque l’accès leur en est fermé ; mais la Prusse a rang de grande puissance : elle est à ce titre obligée de prendre part aux questions européennes. Réduite à ses seules forces ; la Prusse ne peut y faire une suffisante figure ; pour y jouer un rôle égal à ses prétentions et à son titre, Il faut qu’elle puisse s’appuyer sur l’Allemagne, et par conséquent jusqu’à un certain point sur l’Autriche. Les mêmes argumentateurs, avec un peu trop de présomption sans doute, voient déjà dans ce qui se passe en ce moment même pour la question d’Orient un effet de cette union avec les états secondaires et avec l’Autriche qu’ils prêchent à la Prusse. Ils prétendent que l’accord des trois cabinets de Londres, de Vienne et de Berlin, quoiqu’il n’ait abouti qu’à une attitude expectante et passive, a suffi pour déjouer les projets russes, basés, suivant eux, sur les divisions présumées de ces trois puissances. Ils veulent que cette expérience soit une leçon dont la cour de Berlin comprendrait l’importance. Ils reconnaissent que les rapports de la Prusse avec l’Autriche ne sont pas aussi faciles à rétablir que ses relations avec les états secondaires, ils admettent que les rivalités, les défiances, les antipathies ne peuvent disparaître en un jour entre les deux grandes puissances allemandes ; mais l’œuvre du rapprochement commence et serait en bonne voie. C’est le roi Max de Bavière qui serait le médiateur. Son père, le vieux roi Louis, dont le patriotisme allemand est bien connu, avait récemment, lors de l’inauguration du monument élevé en l’honneur de l’archiduc Charles, fait le voyage de Vienne. Là peut-être, dans les entretiens du roi Louis et de l’empereur François-Joseph, ont été prononcées les premières paroles qui devaient ramener la paix intérieure en Allemagne. Quoi qu’il en soit, c’est au retour de son père que le roi de Bavière a entrepris cette tournée de conciliation dont Bade doit être l’étape suprême. Déjà, lorsque Bade ne devait rassembler encore que des princes allemands, on voyait de l’autre côté du Rhin, dans cette réunion, le gage de la réconciliation des diverses cours germaniques. L’Allemagne, par cet acte, allait être rassurée sur sa situation intérieure. Il semble que la présence de l’empereur des Français à cette entrevue de souverains doive achever l’œuvre et rassurer l’Allemagne sur les dangers qu’elle appréhendait du dehors.
Nous présumons que la rencontre du prince-régent et de l’empereur a été désirée des deux parts. Personne ne doutera de la sincérité avec laquelle le prince de Prusse souhaite la paix. De même tout le monde a pu remarquer le prix qu’attache l’empereur à convaincre l’opinion de la réalité de ses intentions pacifiques. Nous ne devons point être surpris et encore moins nous blesser de l’anxiété générale que cause la question de savoir quels sont les