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ne furent modifiés que sur des points d’une importance secondaire. Parmi les pièces de campagne, le canon de 4 fut supprimé en raison de son peu d’efficacité, ceux de 8 et de 12 furent conservés à peu près tels quels. Les obusiers, qui avaient été très perfectionnés, furent admis dans une forte proportion ; on en porta le nombre dans chaque batterie à la moitié de celui des canons. Ceux de 15 centimètres[1] s’allièrent aux canons de 8, eurent le même affût et à peu près le même poids. Une batterie de six pièces de cette espèce, quatre canons et deux obusiers, fut en principe destinée à marcher avec chaque brigade d’infanterie. Les obusiers de 16 centimètres accompagnèrent les canons de 12 : ils formèrent la réserve. Des obusiers d’un calibre plus puissant, 22 centimètres, furent destinés aux parcs de siège ; on leur donna le même affût qu’aux canons de 24. Aujourd’hui, quoique les obusiers aient une longueur assez grande pour assurer la justesse et la portée du tir, les projectiles ne se cassent plus dans l’âme, ce qui est dû à une meilleure fabrication des obus, ainsi qu’à une plus sage répartition des effets de la poudre, obtenue par un plus savant tracé de la bouche à feu et par l’emploi de sabots en bois auxquels les obus sont fixés. On est obligé cependant pour ménager les pièces, et surtout les affûts, de se contenter pour ces projectiles fort lourds (un obus de 16 centimètres pèse près de 11 kilogrammes) d’une charge beaucoup plus faible que celle des canons, ce qui diminue la vitesse et restreint les portées.

Les affûts du nouveau système sont à flèche, pour augmenter le jeu des avant-trains, et pour donner aux pièces un tournant plus court, qui est souvent nécessaire. Une seule roue suffit à tout le matériel de campagne, l’essieu seul diffère dans les batteries de 8 et dans celles de 12 ; mais l’uniformité a été rétablie autant que possible dans toutes les ferrures et dans les pièces accessoires, afin de faciliter les remplacemens et de diminuer le nombre des rechanges. La mobilité ainsi obtenue est bien plus grande que dans le matériel de Gribeauval, mais la solidité a quelquefois paru inférieure, et les flèches en particulier ne supportent pas toujours très bien le tir des obusiers ; il a fallu augmenter un peu les dimensions premières. Une seule roue sert aux deux affûts de 16 et de 24, dont les dispositions sont analogues à celles des affûts de campagne.

À bord des navires de guerre, où la nécessité de ménager l’espace ne permet pas de donner une grande étendue au recul, où la bouche à feu ne s’éloigne que fort peu de sa position ordinaire, là marine se sert d’affûts très massifs, retenus par des cordages ou bragues, et dont l’effort s’exerce sur le pont et sur les bordages. Par économie

  1. On désigne les obusiers et les mortiers par le calibre de l’âme.