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Un escalier conduit aux deux ou trois autres étages de la maison. Quelques architectes ont cherché à répandre sur cet escalier de marbre, de pierre ou de glace toutes les richesses de la décoration ; d’autres, désespérant au contraire de rendre un tel objet agréable à la vue, ont mis toute leur science à le cacher. Au premier étage s’étendent le salon, la bibliothèque et les accessoires[1] . Le salon (drawing room) étale, dans la plupart des club houses, un luxe d’ameublement et d’ornementation que les Anglais eux-mêmes ont qualifié d’extravagant. Les murs lambrissés de brocart, les colonnes en marbre de Sienne, le plafond chargé de moulures dorées, le plancher de chêne recouvert d’un moelleux tapis de Turquie, tout affecte un air de splendeur et d’ostentation qui défie les regards d’un millionnaire. On ne voit rien de mieux même au palais de la reine. La bibliothèque se distingue par le nombre des volumes, l’étendue de la salle et l’orgueil des pilastres recouverts de marbre gris ou vert, avec des chapiteaux de bronze. Au second ou au troisième étage s’ouvrent les salles de billards. Les combles sont occupés par les logemens des domestiques et des autres officiers de la maison. L’architecte s’est proposé dans les club houses de combiner les caractères d’un château avec les exigences d’un hôtel ou d’une taverne de premier ordre. Il ne faut donc point oublier la cuisine. C’est souvent la plus grande merveille de ces établissemens par sa blancheur, par l’éclat des feux, le mouvement des broches et des cuisiniers, la dimension des tables et des dressoirs. Dans les bas-fonds de certains de ces hôtels se trouve encore une machine à vapeur pour élever l’eau à la hauteur des autres étages, des appareils pour distribuer la chaleur ou pour chasser le frais dans les divers appartemens, enfin tout un système mécanique en vertu duquel la maison vit, si l’on ose ainsi dire, comme les maisons fées dans les contes de Perrault[2].

Les modernes club houses diffèrent des anciens subscription clubs

  1. Ces accessoires sont la salle où l’on fume, smoking room, la moins ornée de la maison, — et la chambre où l’on joue au whist, card room, qu’on a eu soin de faire petite pour limiter le nombre des joueurs. Les jeux de hasard proprement dits sont prohibés dans les modernes club houses.
  2. Quelques chiffres donneront une idée de l’importance et de la richesse de ces institutions. Le bâtiment de l’Athenœum a coûté à lui seul 35,000 liv. sterl., l’ameublement 5,000 liv. sterl., le linge et les services de table 2,500 liv. sterl., la bibliothèque 4,000 liv. sterl., et la provision de vin en cave représente, dit-on, une moyenne de 3,500 à 4,000 liv. sterl. — L’édifice du Reform Club, élevé d’après les dessins de M. Barry, a entraîné une dépense de près de 80,000 liv. st. L’établissement paie chaque année plus de 800 liv. st. pour le charbon de terre et les autres combustibles, 1,000 liv. st. pour le gaz, l’huile et les bougies, 400 liv. st. pour l’abonnement aux journaux et aux revues, 240 liv. sterl. pour le papier à écrire et les plumes, 80 liv. sterl. pour de la glace, et 2,000 liv. sterl. pour les vins et les liqueurs. La cave seule de l’United Service est évaluée à 7,722 liv. sterl.