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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mars 1860.

En ce moment, le spectacle des affaires européennes et de la place qu’y occupe la France peut être considéré à deux points de vue qui laissent dans l’âme de l’observateur attentif des impressions également vraies, quoique dissemblables.

Un acte du drame italien est en train de se terminer. Il s’achève par une scène où notre amour-propre national a droit de se complaire. Le gouvernement français a pris, il y a trois mois, la résolution d’en finir avec les incertitudes italiennes. Il a voulu mettre un terme à des tiraillemens qui paralysaient notre liberté d’action et liaient notre responsabilité à des hasards de toute sorte. Exécuter une telle résolution à travers des complications si nombreuses n’était point une œuvre aisée. Nous avions à retirer des paroles données à l’Autriche, et en même temps à obtenir de cette puissance des promesses pacifiques et une tranquille résignation. Nous devions ou conduire le pape à faire des sacrifices nécessaires, ou ne pas lui laisser le prétexte ostensible de nous accuser d’être les auteurs directs de son amoindrissement temporel. Il fallait, sinon inculquer la modération au Piémont, exalté par un soudain et prodigieux agrandissement, du moins le mettre en demeure de donner lui-même congé à notre armée, et lui persuader que désormais il ne lui serait plus permis d’être audacieux aux risques et périls de la France. Pour atteindre à ces résultats, le concours de quelque grande puissance n’était peut-être pas indispensable, mais il devait être singulièrement utile : il était d’une haute importance d’amener l’Angleterre à nous aider. Enfin, comme la transformation de la Sardaigne en un état de douze millions d’âmes n’était pas la solution que nous semblions avoir poursuivie on remuant les affaires d’Italie, à toutes ces diffi-