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en 1815. Le gouvernement ne tarda pas à revenir sur ce déplorable expédient. À la signature de la paix générale, l’ancienne dette fut portée au chiffre de 488 millions de florins, et une patente impériale créa 488 séries, dont 5, de 1 million chacune, devaient être remboursées en espèces par un tirage au sort annuel, ou produire 5 pour 100 d’intérêt. La caisse d’amortissement rachèterait en outre par an 5 millions de cette même dette. Au 1er janvier 1858, d’après les plus récentes données officieuses, le total des anciennes obligations non remboursées montait encore, en capital, à 378 millions de florins. Il faut en déduire, il est vrai, les rentes rachetées depuis lors par la caisse d’amortissement : le rapport d’une commission nommée tout récemment pour examiner la situation de ce fonds spécial montre qu’on peut annuler dès à présent pour 143 millions de florins, dont l’intérêt annuel est de 6 millions.

La nouvelle dette comprend tous les emprunts successifs émis à l’intérieur ou à l’étranger depuis 1815. La plupart sont productifs de 5 pour 100 d’intérêts payables en espèces, et les métalliques jouent sur la cote de Vienne le rôle régulateur de notre 3 pour 100 français. Le taux auquel ces emprunts ont été négociés a singulièrement varié ; l’ère la plus prospère du crédit autrichien remonte à l’année 1835 ; on émit alors du 3 pour 100 à 75 fr. De 1815 à 1847, le gouvernement recourut dix fois à l’emprunt, et le capital de la dette s’éleva en 1848 à 1,200 millions de florins. De 1848 au 1er janvier 1858, la dette monta à 2,088,000,000 de florins pour la dette consolidée, et à 313 millions pour la dette flottante. En déduisant 184 millions qui appartiennent à la caisse d’amortissement, c’est un total de 2,207 millions de florins. Ajoutons-y pour l’année 1859 l’emprunt de 150 millions (emprunt de Londres), les 133 millions avancés par la banque suivant un décret du 11 avril, l’emprunt lombard-vénitien de 75 millions, réduit à 30, et en supposant pour les années 1858 et 1859 un déficit de 42 millions comme pour l’année précédente, c’est un chiffre de 2,605,000,000 de florins, soit 6,512,000,000 de francs. La dette de l’Autriche surpasse donc huit fois son revenu annuel et représente plus du quart de la fortune mobilière de tout l’empire. En onze années, la dette s’est accrue de près de 150 pour 100 : 1,177 millions de florins contre 2,605 millions.

Pour quel chiffre doit être comprise dans cette augmentation la période que l’on s’est proposé d’examiner, c’est-à-dire celle qui commence à la conclusion de la guerre d’Orient et se termine à la paix de Zurich ? On trouve d’abord à inscrire au passif de chaque année un déficit qu’on peut évaluer à 110 millions de francs pour 1855,157 pour 1856,126 pour 1857, soit environ 400 millions de francs, dont il faut défalquer, il est vrai, le produit de quelques