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toujours au chef-lieu de la province. Un dernier vœu, sur lequel on vient de voir que la discussion n’a pas été admise, était exprimé en faveur d’une représentation générale du pays ; ce vœu était surtout partagé par les populations allemandes, tandis que, dans les anciens états indépendans, les grands propriétaires aspirent plutôt à l’établissement des diètes locales.

Pendant que le travail des commissions des hommes de confiance suivait son cours, le mécontentement des provinces se traduisait par des signes non équivoques. Les magnats hongrois, qui, pendant la crise constitutionnelle, avaient joué un rôle important, quittaient Vienne pour s’établir à Pesth ; d’autres adressaient au gouvernement des mémoires sur les institutions propres à satisfaire le vœu public ; les étudians de l’université allaient à Vienne demander des garanties pour la conservation du langage national. Les membres les plus éminens du clergé protestaient dans des occasions solennelles de leur dévouement à l’ancienne patrie. Bientôt l’empereur, après avoir cru que sa présence suffirait, comme il y a deux ans, à ranimer la loyauté hongroise, fit démentir le bruit de son voyage dans un royaume dont la conduite l’indisposait, et d’un autre côté l’archiduc Maximilien, représenté par la presse allemande comme favorable aux réformes, s’éloignait, mécontent ou disgracié. Enfin les mesures de rigueur furent reprises, l’archiduc gouverneur de Hongrie demanda et obtint un renfort de troupes ; les visites, domiciliaires, l’internement, l’incarcération, recommencèrent, et une ordonnance sur la presse déclara punissable « la publication, même comme simples bruits, des nouvelles qui ne peuvent être connues que par l’indiscrétion de fonctionnaires, ou qui tendent à blesser et à ridiculiser quelqu’un dans sa position sociale ou officielle. »

Parmi tous les faits qui attestent le malaise intérieur de l’Autriche, un des plus graves est assurément le mouvement religieux dont certaines parties de l’empire, et principalement la Hongrie, sont encore le théâtre. Le concordat conclu avec la cour de Rome en 1855, la patente du 5 novembre de la même année pour l’organisation des écoles catholiques et l’établissement de tribunaux ecclésiastiques en affaires de mariage, avaient soulevé dans tous les esprits de légitimes appréhensions. Devant une opposition presque tacite, mais générale, le gouvernement impérial a reculé, et jusqu’ici le concordat semble être demeuré seulement une menace. Le 1er septembre 1859, après les revers de la guerre d’Italie, et pour mettre fin à un provisoire qui datait de 1791 et dont les églises réformées n’avaient cessé de demander le terme, une patente impériale a été promulguée ; on pouvait croire qu’elle aurait pour but d’apaiser de justes griefs. Dès le 27 septembre cependant, l’assemblée de la surintendance de Kœsmarkt