vingt et une batailles rangées[1] ; elle n’en a perdu que trois[2]. Dans presque toutes les autres, elle est restée maîtresse du champ de bataille. Nos défaites mêmes n’ont point eu le caractère désastreux qu’on a voulu généralement leur imputer ; le découragement qu’elles nous inspirèrent en fut la plus triste conséquence. Nous nous imaginâmes follement que, vaincus dans des combats où nous avions mis contre nous, soit le nombre, comme à La Hougue et à la Dominique, soit le terrain et le nombre, comme dans la baie de Quiberon, il ne nous restait plus qu’à changer de système de guerre et à éparpiller nos forces ; mais la guerre de course, qui avait été heureuse tant que nos flottes tenaient la mer et obligeaient l’ennemi à se concentrer, ne nous a plus offert que des chances déplorables ; quand l’ennemi, redoublant d’efforts, a pu opposer sur tous les points du globe des divisions à nos bâtimens isolés. Croit-on que les États-Unis, malgré l’incontestable supériorité de leurs armemens, eussent pendant près de quatre ans, de 1812 à 1816, poursuivi
- ↑ 1° Combat de la flotte de Duquesne contre celle de Ruyter, en vue de Stromboli (8 janvier 1676). — 2° Nouvelle victoire de Duquesne sur Ruyter, mortellement blessé dans ce combat, à la hauteur d’Agosta (22 avril 1676). — 3° Combat de la baie de Bantry, livré par l’escadre de Châteaurenault à celle du vice-amiral Herbert (mai 1689). — 4° Bataille de Beveziers entre les armées navales de Tourville et de l’amiral Herbert, créé comte de Torrington (10 juillet 1690). — 5° Bataille de La Hougue, livrée par la flotte de Tourville aux flottes réunies d’Angleterre et de Hollande (29 mai 1692). L’armée française portait 3,114 canons et 19,860 hommes ; les flottes combinées, 6,994 bouches à feu et 40,675 hommes. — 6° Combat de Velez-Mulaga entre la flotte du comte de Toulouse et celle des flottes combinées d’Angleterre et de Hollande sous les ordres de l’amiral Rook (24 août 1704). — 7° Combat de la flotte franco-espagnole, commandée par le vice-amiral De Court, contre la flotte de l’amiral Mathews, en vue des lies d’Hyères (22 février 1744). — 8° Combat de Minorque entre l’escadre du marquis de La Galissonnière et celle de l’amiral Byng (20 mai 1756). — 9° Combat dans la baie de Quiberon des vingt et un vaisseaux du maréchal de Conflans contre les trente-sept vaisseaux de l’amiral Hawke (20 novembre 1759). — 10° Combat d’Ouessant entre l’armée navale du comte d’Orvilliers et celle de l’amiral Keppel (27 juillet 1778). — 11° Combat de La Grenade entre le comte d’Estaing et l’amiral Byron (5 juillet 1779). — 12° Premier combat du comte de Guichen, en vue de la Dominique, contre l’amiral Rodney (17 avril 1780). — 13° Second combat du comte de Guichen devant Sainte-Lucie contre l’amiral Rodney (15 mai 1780). — 14° Troisième combat du comte de Guichen contre l’amiral Rodney (19 mai 1780). — 15° Combat du comte de Grasse à l’entrée de la Chesapcake contre la flotte de l’amiral Graves (5 septembre 1781). — 16° Combat de la Dominique livré par les trente vaisseaux du comte de Grasse aux trente-sept vaisseaux de l’amiral Rodney (12 avril 1782). — 17° Premier combat de Suffren dans l’Inde en vue de Sadras (17 février 1782). — 18° Second combat de Suffren dans l’Inde, près de Proverdiern (12 avril 1782). — 19° Troisième combat de Suffren dans l’Inde, devant Nogapatnam (6 juillet 1782). — 20° Quatrième combat de Suffren dans l’Inde, à l’entrée de la baie de Trinquemalé (3 septembre 1782). — 21° Cinquième et dernier combat de Suffren dans l’Inde en vue de Gondelour (20 juin 1783).
- ↑ La bataille de La Hougue en 1692, celle de la baie de Quiberon en 1759, et celle de la Dominique en 1782.