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brebis ; aussi, dans le même arrondissement de Jonzac, voyons-nous 663 béliers de races communes engendrer 16,090 agneaux, soit 24 petits pour chaque bélier. Il fallait donc motiver par une courte note cette anomalie dans les bergeries où se trouvent des races perfectionnées. — Comment deviner pourquoi, dans l’arrondissement de Rodez (Aveyron), le kilogramme de laine fine lavée à dos se vend seulement 1 fr. 85 c, tandis que dans les arrondissemens voisins d’Espalion et de Villefranche le kilogramme de laine commune se vend 2 fr. 80 et 2 fr. 50 ? Évidemment ces épithètes de fixe et de commune ne sont pas, dans la circonstance, des qualificatifs qui suffisent. D’ailleurs, le lavage à dos n’étant pas adopté partout, je me demande par quel calcul ou par quel procédé on a pu, pour les localités où ce système n’est pas admis, ramener les laines à une condition analogue ; puis je me demande si le lavage à dos, par suite des différences de poids qu’entraîne un peu plus ou moins de soin apporté à l’opération, peut être admis comme représentant bien l’état comparatif des laines. J’aurais préféré l’état naturel, les laines en suint, ou l’état industriel, les laines lavées à fond avant d’être employées. J’aurais aussi préféré qu’on nommât les races ovines qui, dans chaque arrondissement, sont qualifiées de communes ou de perfectionnées. On avait eu le soin de fournir ce renseignement pour les chevaux et pour les bêtes bovines ; on aurait dû le fournir de nouveau pour les bêtes à laine. — Enfin on aurait dû ne pas réunir dans une seule moyenne le prix de vente des races communes et celui des races perfectionnées. Du moment que l’on avait admis chez les bêtes à laine une telle distinction, que l’on avait indiqué, en parlant des chevaux et des bêtes bovines, les races habituellement introduites en vue d’améliorer les types indigènes, ne donner qu’un seul et unique prix pour deux catégories d’animaux dont la valeur est si différente me semble une confusion fâcheuse.

L’amélioration du bétail, quand on aura d’abord augmenté, comme il est indispensable en pareil pas, la production fourragère, est peut-être ce qu’il faut le plus réclamer en France pour la majeure partie de nos fermes[1] » Par amélioration, il ne faut point entendre l’infusion dans nos races indigènes d’un sang étranger admis comme type unique pour toutes nos provinces. Les agronomes qui voudraient introduire le taureau Durham, le bélier Dishley ou Southdown, le verrat Leicester dans tous nos troupeaux indistinctement, seraient aussi intelligens que les hommes de cheval qui ne rêvent que cheval anglais, et ne veulent partout améliorer qu’avec des étalons pur sang ; mais les hommes pratiques, qui savent que chaque condition culturale a ses exigences différentes, auraient été heureux de trouver dans les tableaux officiels des renseignemens plus précis sur les tendances progressives

  1. En Belgique, où il faut bien reconnaître que certaines choses sont meilleures qu’en France, il existe ce que malheureusement nous n’avons pas des dépôts royaux de taureaux et de verrats dont la race est appropriée aux besoins du pays. De semblables charges ne peuvent pas être acceptées longtemps par l’état ; mais il est peu de mesures aussi bonnes pour déterminer un premier mouvement d’amélioration.