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confédérés lui avaient donné le temps de former, et que leur inaction du côté de l’Angleterre, des Pays-Bas et de l’Espagne lui permettait de concentrer vers le sud, il se rendit plein de confiance au milieu d’elle. Sa vaillante ardeur s’exprimait dans ses lettres avec un accent aussi patriotique que spirituel. Il marchait à la délivrance de son royaume comme à une fête. Il écrivait même le 11 août, de Vienne en Dauphiné, au maréchal de Montmorency, d’un ton peut-être un peu trop dégagé pour un prince dont le territoire était envahi, le pressant d’accourir auprès de lui et d’amener tous les hommes d’armes qui ne l’avaient pas encore rejoint. « Je vous advise, lui disait-il, que je pars demain de cette ville pour aller droit en mon camp, que je fais dresser à trois lieues d’Avignon. Et pour autant que je ne scais si l’on parle de la guerre à Blois ou là où vous estes, je vous veux bien advertir qu’il en est ici très grand bruit, et me semble que, si vous en voulez avoir votre part, vous ferez bien de vous hâter et mettre diligence à faire marcher toute la gendarmerie que vous trouverez en chemin[1]. »

C’est dans ce camp que François Ier reçut les députés de Marseille. Il les accueillit avec grand honneur, loua leur courage comme leur fidélité, et les exhorta à défendre leurs murailles jusqu’à ce qu’il parût devant elles pour en chasser l’ennemi. Il promit de délivrer bientôt leur ville, où fut alors introduit un secours de quinze cents hommes, venus par mer du côté d’Arles et des Martigues avec toute une flottille de bateaux chargés de farine, de vins, de bestiaux[2]. Il remit aux députés, pour leurs compatriotes, une lettre bien propre à les entretenir dans leur valeureuse résistance. « Nous vous prions, y disait-il, estre de bonne volonté et continuer à faire votre devoir comme très bien et loyalement l’avez fait jusques ici, de quoi vous en sçavons très bon gré, et croyez que nous reconnoîtrons ci-après les services que nous aurez rendus. De votre loyale fidélité il sera mémoire perpétuelle, et elle servira d’exemple aux autres[3]. « Au retour de Pierre Cepède et de Jean Bègue du camp royal, les principaux habitans de Marseille furent convoqués à son de trompe pour savoir le résultat de leur mission et entendre lire la lettre de François Ier. Animés par les louanges et les remercîmens du roi, confians dans ses assurances, les Marseillais s’apprêtèrent à soutenir l’effort de l’ennemi et à repousser l’assaut dont ils étaient menacés.

Bourbon s’était rapproché de la ville par ses tranchées, et il avait mis en batterie les grosses pièces venues de Toulon. Cette artillerie

  1. Mss. Béthune, v. 8569, f. 62.
  2. Journal du Siège, etc., par Valbelle. — Histoire mémorable, etc., d’après Thierri de l’Étoile.
  3. Cette lettre est dans Ruffi, Histoire de la Ville de Marseille, liv. VIII, f. 313.