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qu’ils ne pouvaient pas révéler ce qu’ils avaient appris sous le secret de la confession. Aymard de Prie, d’Escars et Popillon se disaient étrangers au complot. Le gros de la conspiration avait cependant été découvert par quelques-uns des agens du connétable. Saint-Bonnet, saisi dans sa fuite sur la frontière de la Franche-Comté, avait raconté tout ce qu’il savait[1], et Saint-Vallier lui-même, après de longues dénégations, s’était décidé à convenir des engagemens pris à Montbrison et à faire connaître le traité qui s’y était conclu entre le connétable et l’empereur[2].

Le procès étant instruit vers la fin de décembre, François Ier l’avait renvoyé au parlement de Paris pour être jugé immédiatement. « L’affaire, disait-il, touche grandement nous, notre royaume et la chose publique. Nous désirons qu’elle soit dépeschée en bonne et grosse compagnie, afin que telle punition et démonstration en soit faite, qui soit exemple à tous[3]. » Le parlement, le 16 janvier, condamna Saint-Vallier à être décapité. Il décréta d’une vaine prise de corps tous ceux qui s’étaient évadés en même temps que le connétable ou à sa suite ; René de Bretagne, comte de Penthièvre ; Jean de Vitry, seigneur de Lallière ; Philibert de Saint-Romain, seigneur de Lurcy ; Pompérant, les deux d’Espinat, François de Tansannes, Jean de Bavent, François du Peloux, Bartholomé de Guerre, Beaumont, Guignard, Jean de L’Hôpital. Par des arrêts successifs du 23 et du 26 janvier, Desguières et Brion, instruits de la conspiration et ne l’ayant pas révélée, durent faire amende honorable et être relégués pendant trois ans dans un lieu qu’il plairait au roi de désigner, tandis que Aymard de Prie et Baudemanche furent élargis, sous la condition de rester dans Paris et de se présenter devant les juges toutes les fois qu’ils en seraient requis[4].

François Ier trouva ces sentences entachées d’une indulgence presque factieuse. Elles lui avaient été communiquées à Blois. Il prescrivit d’y surseoir à Paris. « Chancelier, écrivit-il à Du Prat, dites à ceux de ma cour qu’ils n’aient à prononcer les dits arrêts que je ne soye arrivé là et que je n’aye parlé à eux[5]. » Il ordonna de dégrader Saint-Vallier, qui dut être mis à la torture et violemment questionné avant d’être envoyé au supplice. Le duc Charles de Luxembourg fut commis pour lui ôter le collier de l’ordre de Saint-Michel. Accompagné du président Leviste et de sept conseillers, il vint dans la tour de la Conciergerie exécuter les ordres du roi. Saint-Vallier

  1. Révélation de Saint-Bonnet, ibid., f. 310 à 313.
  2. Aveux de Saint-Vallier du 23 octobre 1523, ibid., f. 206 à 211.
  3. Lettre de François Ier du 20 décembre. — Mss. 484, fr. 306 V° et 307 r°.
  4. Arrêts des 10 et 23 janvier 1524. — Mss. 484, f. 321 à 327.
  5. Lettre du 26 février. — Mss. 484, f. 345 V°.