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aux cardinaux d’origine française. Ceux-ci s’en excusèrent en disant qu’ils avaient obéi à l’ordre exprès de leur prince, qui leur avait prescrit de ne consentir qu’à une élection conforme aux intérêts de la France. Ils ajoutèrent que le cardinal Jacobaccio était homme de bien et aurait été bon pape, mais non pour le roi leur maître. — « Bien, répondit Colonna, je vous en ferai un de bon pape pour le roy votre maistre[1]. » Il alla trouver immédiatement le cardinal de Médicis, qu’il remercia d’avoir tenu fidèlement sa promesse, et auquel il dit qu’il était prêt à tenir la sienne, et qu’il ne voulait pas d’autre pape que lui. Avec sa voix, il lui donna les voix du Romain Jacobaccio et des Vénitiens Cornaro et Pisani. Il l’aida même à en détacher du parti des vieux cardinaux trois autres qui, réunies à celles qu’il apportait et aux dix-neuf dont disposait le cardinal Jules de Médicis, assuraient sa nomination. La majorité exigée ayant cessé d’être douteuse dans la nuit du 17 au 18 novembre, on résolut de procéder le lendemain à un scrutin qui mît un terme à ce long conclave. Ceux qui repoussaient encore le cardinal de Médicis, devenus certains que son élection se ferait sans eux, jugèrent qu’il valait mieux y concourir que s’y opposer, et ils demandèrent que le scrutin fût différé d’un jour. Dans l’intervalle, ils convinrent de s’associer à la nomination du cardinal de Médicis ; mais comme la plupart d’entre eux avaient juré de ne jamais y consentir, ils entrèrent dans la chapelle du conclave pour se délier les uns les autres du serment qu’ils s’étaient prêté. Ils y appelèrent le cardinal de Médicis, et le soir même du 18 tous les pères du conclave le nommèrent par adoration. Le lendemain matin 19, cette élection fut régularisée par un scrutin solennel, et l’unanimité des voix fut accordée au cardinal Jules de Médicis, qui devint pape sous le nom de Clément VII.


III

Le nouveau pape, immédiatement après son élection, avait promis de s’unir aux confédérés. Il leur avait envoyé une partie du contingent pécuniaire que le saint-siège, Florence, Lucques et Sienne devaient fournir pour l’entretien des troupes de la ligue italienne[2] et la poursuite de la guerre, qui avait continué en Lombardie. Bonnivet, n’ayant pas su profiter tout d’abord de ses avantages, et au

  1. Ces mots sont en français dans la dépêche anglaise, p. 199.
  2. « Le pape a envoyé XX mille escus dès que je veins ysy… Les potentats come Florence, Siene, Luques, n’ont volu paie la contribution de ses trois mois courans, le pape a fait que de Florence vient XXX mille ducas…, de Sienne V mille et au plus X, de Lucques V des XV mille des trois mois de la contribution. » Lettre de Charles de Lannoy à Charles V, écrite de Milan le 1er février 1524. — Arch. imp. et roy. de Vienne.