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LE PROGRAMME
DE LA PAIX

Après les deux guerres formidables qui ont éclaté coup sur coup depuis cinq ans, et qui nous ont coûté tant d’hommes et tant d’argent, on ne peut qu’accueillir avec une joie profonde l’annonce d’une nouvelle ère de paix et de travail. Le monde a suffisamment vu ce qu’a su faire notre incomparable armée pour défendre l’indépendance de l’empire turc et pour donner la Lombardie au Piémont. La France va enfin s’occuper d’elle-même et réaliser le célèbre programme : l’empire, c’est la paix. Notre alliance avec l’Angleterre, un moment compromise, est devenue subitement plus intime que jamais, et les pompeux éloges que les journaux anglais ont prodigués à notre gouvernement donnent lieu de croire que cette union rajeunie sera durable. En même temps la paix conclue à Zurich avec l’Autriche, en exécution des préliminaires de Villafranca, va sans doute nous permettre de retirer nos troupes d’Italie. Certes, si nous ne déclarons pas une nouvelle guerre, personne ne nous la déclarera. Nous pouvons donc substituer sans crainte au laurier stérile des batailles les fruits bienfaisans de la paix.

Ce qui domine dans le nouveau programme tracé par une main toute-puissante, c’est l’intention d’appliquer plus complètement désormais au gouvernement des intérêts nationaux les principes de l’économie politique. Nul ne peut recevoir cette assurance avec plus de satisfaction que les économistes. Il y a bien encore, dans l’exposé de ce grand projet, quelques parties que la théorie économique