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autorisa ses ambassadeurs auprès de Charles-Quint à tout concerter pour le soulèvement du duc de Bourbon[1] et pour l’invasion de la France. Il leur permit d’offrir la moitié de l’argent qu’exigerait la levée des gens de cheval et des hommes de pied que le connétable mettrait en campagne, et de déterminer avec quelles forces et dans quel moment on attaquerait François Ier dans son royaume. La double négociation du traité avec le duc de Bourbon et de l’expédition en France, après s’être poursuivie quelque temps à Valladolid, fut continuée à Londres, où les plénipotentiaires de Charles-Quint et d’Henri VIII convinrent, en mai 1523[2], des moyens et de l’époque de la grande agression, et où Beaurain arriva de nouveau le 19 juin pour régler tout ce qui pouvait faciliter la rébellion[3] et la prise d’armes du duc de Bourbon.

Conformément à ses instructions[4], Beaurain devait avant tout proposer au roi d’Angleterre et obtenir de lui qu’il contribuât à la solde des cinq cents hommes d’armes et des dix mille hommes de pied à la tête desquels se placerait le connétable révolté[5]. Après s’être assuré du concours d’Henri VIII, il avait à se rendre à Bourg en Bresse, où le connétable avait promis de se trouver, et là traiter de son mariage soit avec Éléonore, veuve du roi de Portugal, soit avec Catherine, la plus jeune des sœurs de Charles-Quint ; convenir que, dans les dix jours qui suivraient l’entrée des deux princes alliés sur le territoire de la France, il se déclarerait et joindrait ses troupes à l’armée d’invasion ; lui garantir, aussitôt qu’il serait déclaré, le paiement successif de 200,000 couronnes pour l’entretien de ses hommes de guerre ; lui demander d’ouvrir ses villes aux confédérés, qui recevraient des vivres dans ses états ; enfin lui promettre, en concluant une ligue offensive et défensive, qu’il serait soutenu envers et contre tous, et que l’empereur et le roi d’Angleterre ne feraient ni paix ni trêve sans l’y comprendre. Beaurain avait charge de s’enquérir de lui sur quels points de la France il convenait le mieux de diriger l’invasion, quels étaient les personnages

  1. Henri VIII dit à Louis de Praet : « Touchant l’affaire de Bourbon, puisque l’empereur l’a tant à cœur, j’envoyrai par delà mon povoir à mes ambassadeurs avec instructions telles dont l’empereur aura cause d’estre content pour besongner conjoyntement sur le dict affaire. » Dépêche manuscrite de Louis de Praet à Charles-Quint du 8 mai 1523. — Archives impériales et royales de Vienne.
  2. Dépêches manuscrites du 1er juin de Louis de Praet à l’empereur, et de Louis de Praet et de Jehan de Marnix au même.
  3. M Sire, en suyvant la charge qu’il a pieu à vostre majesté bailler à moy Beaurain, j’ay fait telle diligence que suis arrivé en cette ville de Londres hier XIX de ce mois. « Dépêche d’Adrien de Croy et de Louis de Praet à l’empereur, du 21 juin.
  4. Ces instructions, données le 28 mai à Valladolid, sont imprimées dans le tome VI des State Papers, p. 151, note 2, et p. 152.
  5. Dépêches de Beaurain et de Louis de Praet du 21 juin, Archives impériales et royales de Vienne.