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en apanage par le nouveau contrat, qui en changeait la nature et en limitait la transmission.

Cette maison se divisa alors en deux lignes sous Charles et Louis, fils de Jean Ier. Charles eut comme aîné la part la plus considérable de l’héritage : il fut duc de Bourbonnais et d’Auvergne, comte de Clermont et de Forez, seigneur de Beaujolais et prince de Bombes. Louis, le cadet, reçut en apanage le comté de Montpensier, la seigneurie de Combrailles ; il eut le tiers et il acquit ensuite la presque totalité du dauphiné d’Auvergne. Le droit éventuel à l’héritage des Bourbons que la convention de 1400 assurait aux mâles de la deuxième ligne en cas de défaillance des mâles de la première fut exposé à plusieurs atteintes dans le cours du XVe siècle. Les ducs de Bourbon essayèrent de rendre cet héritage féminin en faveur des filles qui naîtraient d’eux[1] et au détriment des comtes de Montpensier, leurs collatéraux ; mais les comtes de Montpensier, par des protestations[2] opportunes et par des actes conservatoires, pourvurent avec continuité au maintien de leur droit. La dernière et la plus dangereuse des tentatives faites pour les en dépouiller eut lieu sous le duc Pierre II, qui les avait reconnus comme ses héritiers légaux en 1488[3], et qui en 1498 obtint du trop facile Louis XII des lettres patentes autorisant sa fille Suzanne de Bourbon et les descendans de sa fille à lui succéder. Les comtes Louis et Charles de Montpensier attaquèrent, l’un après l’autre, les dispositions irrégulières de ces lettres patentes surprises à la condescendance de Louis XII. Ce prince, qui n’avait été injuste que par bonté, répara lui-même avec sagesse le tort qu’il avait fait avec ignorance. Après la mort du duc Pierre, il maria le comte Charles, représentant les Montpensier, et la duchesse Suzanne, héritière des Bourbons, en 1505, afin de confondre, par leur union, les droits que l’un tenait de sa naissance et l’autre de sa concession[4]. Anne de France, mère de Suzanne et tante de Charles, provoqua elle-même cette union, qui

  1. Les ducs Jean II et Pierre II.
  2. Le comte Gilbert de Montpensier protesta contre la tentative du duc Jean II et les comtes Louis et Charles de Montpensier contre celle du duc Pierre II. — Voyez dans l’Histoire de Bourbon, par Marillac, p. 231 V°, p. 234 r° et p. 238.
  3. Histoire de Bourbon, etc., par Marillac, p. 230 V°, 232 r° 233 V° 234 r°. — Etienne Pasquier, Recherches de la France, ibid., p. 557, 558.
  4. Voyez Marillac, qui prit part à ces transactions, p. 239, 240, 241, 242 r° et V°, et Etienne Pasquier, f. 558, 559.