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LES DEGENERESCENCES
DE
L'ESPECE HUMAINE

I. Traité des Dégénérescences physiques, intellectuelles et morales de l’espèce humaine, par M. B.-A. Morel, Paris, 1857, in-8o. — II. La Psychologie morbide dans ses rapports avec la Philosophie de l’histoire, par M. J. Moreau, Paris, 1839, in-8o. — III. Traité philosophique et physiologique de l’hérédité naturelle, par M. Prosper Lucas, Paris, 1847-1850, 2 vol. in-8o. — IV. Travaux de MM. Baillarger, Brierre de Boismont, Michéa, etc.



C’est un spectacle navrant et bien propre à rabaisser notre orgueil que la vue de ces êtres abrutis, stupides et repoussans, qui, sous le nom d’idiots, de démens, de gâteux, peuplent nos hospices et nos asiles. En présence d’une pareille dégradation, on se demande involontairement si l’homme que la maladie ou une infirmité de naissance peut ravaler à ce point et ramener au niveau de la brute est vraiment la créature privilégiée faite à l’image de Dieu. L’impression est encore plus pénible quand on se transporte dans certaines régions montagneuses, en de hautes vallées où se rencontrent des êtres non moins dégradés. On n’est plus ici dans le refuge offert par la charité à la misère, à la maladie ou au vice. Tout au contraire dans ces régions alpestres promet la force, le bonheur et la santé. L’air est pur, la verdure luxuriante, des eaux en apparence limpides baignent d’admirables paysages, et cependant à chaque village, à chaque habitation presque, on rencontre un malheureux qui est comme dépossédé de sa qualité d’homme. Sa tête est énorme ou mal conformée, son ventre est gonflé, son cou large est fréquemment chargé d’un goître ; ses extrémités sont grêles ou massives,