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ges de la compagnie de l’Ouest; — enfin sous le régime actuel, en 1856, devant le sénat, par suite de pétitions d’industriels ou de commerçans, et en 1857 devant le corps législatif, lors de la constitution de nos principaux réseaux de chemins de fer. Sans aucun doute, une nouvelle discussion se serait engagée à la session de 1859, lorsque fut présenté le projet de loi concernant la nouvelle organisation financière de ces mêmes réseaux, si le corps législatif n’avait point eu à voter, pendant les derniers jours de cette session, le budget de l’exercice 1860 et la loi sur l’agrandissement de la ville de Paris.

Indépendamment de ces discussions publiques, le mode d’abaissement des tarifs a également été étudié sous toutes ses faces au conseil d’état. Il y a plus : en 1850, une commission, prise au sein de cette assemblée et présidée par un homme éminemment impartial, M. Vivien, avait soumis à une enquête approfondie la question des transports à prix réduits sur les voies ferrées. Constamment à l’ordre du jour, cette question a été l’objet de vœux énergiques des conseils-généraux, de délibérations multipliées des chambres de commerce, d’études variées entreprises par ordre de l’administration supérieure, de publications nombreuses faites sous l’inspiration des compagnies ou de leurs adversaires. Depuis deux ans surtout, la lutte entre les divers systèmes nés successivement d’une polémique aussi persistante a pris d’assez grandes proportions pour qu’il devienne opportun de traiter ce grave et difficile sujet, en s’attachant surtout à en distinguer nettement les différentes faces, à remettre particulièrement en lumière le point de départ, enfin à préciser les diverses catégories de tarifs réduits adoptées, ensemble ou séparément, pour les transports par chemins de fer.


I.

Avant tout, il est nécessaire d’avoir une idée juste de ce qu’on appelle une « concession de chemin de fer, » en ne considérant d’ailleurs la compagnie à laquelle elle est octroyée que comme une entreprise de transports. Il y a quelques mois, un membre du corps législatif, M. E. Ollivier, disait à la tribune qu’il attaquait les compagnies de chemins de fer au nom de la liberté, « parce qu’elles ont créé un monopole, elles qui étaient les filles d’une industrie libre, parce qu’elles ont mésusé, et qu’au lieu de se faire pardonner leur métamorphose, elles ont rendu plus pesante l’oppression qu’elles avaient organisée. » D’autre part, on a pu lire l’opinion suivante dans un écrit remarquable attribué à un homme qui, après et avant son entrée aux affaires, a présidé aux destinées d’une de nos plus grandes