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recueilli, classé, analysé, les questions, les solutions, les objections et les variantes des doctrines principales. On ne saurait souscrire à tous ses jugemens, mais on ne peut disconvenir qu’il n’ait tout disposé avec méthode, exposé avec loyauté, commenté avec intelligence. C’est un tableau étendu et fidèle de tous les états connus de la pensée et de la croyance en Europe sur les fondemens de toute religion. On s’aperçoit, en lisant l’ouvrage, que c’est un cours écrit, et l’auteur s’est plus occupé d’enseigner que de plaire; ceux qui aiment à apprendre ne lui en sauront pas moins de gré : son ouvrage est de ceux qui fourniraient un aliment inépuisable à la réflexion. Quant au fond de la doctrine, elle est assurément saine et louable, quoiqu’elle ne paraisse pas satisfaisante de tout point, et qu’elle ne soit pas établie partout avec une puissance irrésistible. En général, l’auteur expose encore mieux qu’il ne discute. Il ne voit pas toujours les difficultés dans toute leur force, il ne fait pas toujours pour les vaincre des efforts proportionnés à leur gravité. Il donne quelquefois des assertions pour des démonstrations, et suivant le génie écossais il se fie à l’empire naturel de ce qu’il croit la vérité sur un esprit droit : il a plus de sens que de dialectique. Il a fait encore un de ces livres qui ne persuaderont guère que ceux qui sont déjà persuadés ; mais sont-ils nombreux, les livres dont la puissance aille plus loin que cela?

Nous risquerions peut-être de nous répéter et d’énoncer, sous une forme sommaire qui ne laisserait pas apercevoir les différences, les mêmes questions et les mêmes solutions, si maintenant nous suivions dans sa marche l’auteur du Théisme chrétien, M. Thompson diffère peu de M. Buchanan par la manière générale de considérer son sujet, et il est remarquable qu’ayant travaillé dans la solitude, ainsi qu’il nous l’apprend, et ne donnant aucun signe d’affiliation à aucune université, ni même d’attachement particulier à aucun maître, il ait publié un ouvrage dont l’esprit offre tant d’analogies avec l’esprit qui anime l’ouvrage du professeur de théologie d’Edimbourg. Les deux publications sont de la même année, et à moins que l’un n’ait suivi les cours de l’autre, cet accord sans concert est un titre de plus à l’intérêt du public. D’ailleurs une attentive comparaison ferait ressortir plus d’une différence. Si le livre de M. Thompson contient moins de détails, indique des lectures moins variées, offre à l’étudiant sérieux, au philosophe de profession moins d’occasions de recherches et de vérifications à faire, il est mieux composé, il va mieux aux lecteurs ordinaires. C’est un ouvrage bien fait, qui, avec plus d’ordre et de variété, s’empare de l’esprit et le dirige mieux dans la voie que l’auteur a parcourue. En même temps que l’auteur du Théisme chrétien fait une plus grande part, suivant la prescription du programme, à l’apologie de la théologie chrétienne, il porte dans la