Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Dombes, il force un peu les couleurs. Cette exagération n’était pas nécessaire. Qu’on puisse ou non en dire autant de bien d’autres pays, l’état de la Dombes n’en est pas moins regrettable en soi. La Bresse est un peu plus éloignée du débouché commun, elle n’a pas un sol beaucoup meilleur ; elle a été aussi couverte d’étangs, et elle est aujourd’hui deux fois plus riche.

D’après ce qui précède, on doit facilement deviner que M. Dubost conclut à la nécessité de dessécher les étangs. Ces étangs produisant aujourd’hui de l’engrais au lieu d’en consommer, le dessèchement serait fatal, s’ils étaient transformés en terres arables. Aussi n’est-ce pas des terres, mais des prairies, qu’il voudrait mettre à la place. Ces prairies arrosées augmenteraient dans une forte proportion la quantité des fourrages, et par conséquent des engrais. Il évalue à la moitié de la surface actuelle des étangs, soit 7,000 hectares, ceux qui pourraient être avantageusement convertis en prairies ; les 7,000 hectares restans devraient se changer en pâturages. En même temps, l’étendue des prairies artificielles et des racines devrait s’accroître, de manière à couvrir la presque totalité des jachères, et les 76,000 hectares de la Dombes d’étangs arriveraient à la répartition suivante :


Hectares
Prairies naturelles 15,000
Pâturages 11,000
Bois 12,000
Céréales d’hiver 17,000
Prairies artificielles, racines, etc 17,000
Cours, chemins, etc 4,000
Total 70,000 hectares

Il ne saurait être douteux que cette répartition, qui consacrerait à la production des engrais les trois quarts du sol en culture, ne fût infiniment supérieure à l’ancienne. La suppression des étangs ferait disparaître la principale cause de l’insalubrité, et la Dombes deviendrait ce qu’elle doit être par son extrême proximité d’un débouché comme Lyon, un des plus riches pays de culture de France.

L’unique question est dans la transition. M. Dubost évalue à 725 fr. par hectare les frais de transformation des étangs en prairies. Les élémens nous manquent pour discuter ce chiffre, nous ne pouvons que l’accepter. La conversion d’un étang de 10 hectares coûtera donc 7,250 fr. L’augmentation de valeur et de produit doit-elle être partout suffisante pour rémunérer une pareille dépense ? Même en supposant que la rémunération soit assurée, où trouvera-t-on les capitaux nécessaires pour cette entreprise ? Dans l’état actuel de la propriété en Dombes, et avec la direction si malheureusement imprimée aux capitaux depuis quelques années, il est peu probable qu’on arrive de longtemps à réunir les 5 ou 6 millions qu’exigera le dessèchement des étangs et la somme bien autrement considérable que demandera l’amélioration générale du sol. L’opération ne peut donc se faire que lentement, au fur et à mesure des ressources. Suivant l’habitude universelle en France, on n’a pas manqué d’invoquer en Dombes l’intervention de l’état pour venir en aide à la transformation désirée. Dans une certaine mesure, cette intervention