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Pendant que la science forestière marchait ainsi à pas de géant en Allemagne, elle languissait en France, étouffée par la tourmente révolutionnaire. Ce ne fut qu’en 1802, quand la gestion des forêts de l’état fut confiée à une administration spéciale, qu’on vit renaître les principes scientifiques oubliés depuis longtemps. En 1803 parut le Traité de l’Aménagement des Forêts de Perthuis, et peu après, en 1805, une traduction de l’ouvrage de Hartig, par Baudrillart, le père d’un de nos professeurs d’économie politique[1]. En même temps l’administration supérieure envoya dans les provinces nouvellement conquises des agens chargés d’y organiser le service forestier. De ce nombre fut M. Lorentz, qui, d’abord dans le Palatinat (département du Mont-Tonnerre), ensuite dans le Hanovre, sut bientôt se distinguer d’une manière toute particulière. En rapport avec les agens de l’Allemagne, il embrassa leurs doctrines avec ardeur, et quand les événemens l’eurent rappelé en France, il fut le premier à les appliquer chez nous et le plus zélé à les propager. Tel était l’état des choses, lorsqu’en 1824 le gouvernement résolut de satisfaire un vœu depuis longtemps exprimé en fondant une école forestière. M. Lorentz en fut nommé le directeur ; un meilleur

  1. Chef de division à l’administration des forêts, cet homme modeste consacra sa longue et laborieuse carrière à une science qu’il avait embrassée avec passion. Il publia un Traité général des Eaux et Forêts comprenant : 1° un recueil chronologique des règlemens forestiers,2° un dictionnaire général des eaux et forêts, 3° un dictionnaire des chasses, 4° un dictionnaire des pêches. Ce volumineux ouvrage, qui n’a pas moins de douze volumes in-4o, est incontestablement ce qu’on peut trouver de plus complet sur ces différens sujets et sur l’histoire de l’administration. Outre ce travail de bénédictin, nous avons encore de lui un commentaire du code forestier, la traduction des ouvrages de Hartig et différens mémoires sur les propriétés des bois. Ses immenses travaux lui ont mérité la reconnaissance de tous ceux qui ont quelque souci de la prospérité de nos forêts.