Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effet, les souches épuisées ne donnent plus que des rejets languissans, bientôt étouffés par les épines et les bois blancs, qui envahissent les jeunes coupes. Tandis que, dans les taillis simples, il faut avoir recours à des plantations pour conserver l’essence primitive, dans les taillis-sous-futaie les semences fournies par les réserves contribuent à la perpétuation de la forêt. Néanmoins. ce mode de« traitement doit lui-même céder le pas à la futaie.

Destinée à donner des bois de fortes dimensions, la futaie conduit à laisser les arbres sur pied jusqu’à un âge avancé, mais variable, suivant les essences et les localités. Tandis que les chênes, dans un sol qui leur convient, peuvent, sans donner aucun signe de dépérissement, se maintenir pendant deux ou trois cents ans, les pins ne dépassent guère cent vingt ans, et les bois blancs, dans les terrains humides, languissent et meurent avant même d’avoir atteint leur cinquantième année. À un âge aussi reculé, la reproduction des souches est impossible ; aussi les futaies ne peuvent-elles se régénérer que par les semences.

Avant la découverte de la méthode actuellement en vigueur, les systèmes employés laissaient beaucoup à désirer. En Allemagne, où dominaient les forêts résineuses, on pratiquait le jardinage, qui consiste à enlever çà et là, sans aucun ordre, les arbres arrivés à maturité. En France, on exploitait les forêts à tire et aire, c’est-à-dire de proche en proche, en abattant intégralement ou à peu près tous les bois compris dans la coupe. Ces systèmes présentaient de graves inconvéniens en ce qu’ils entravaient la croissance des arbres et ne garantissaient en aucune façon le repeuplement des parties exploitées ; ils sont aujourd’hui complètement abandonnés l’un et l’autre, et remplacés par la méthode connue sous le nom de méthode du réensemencement naturel et des éclaircies, ou méthode allemande. Cette méthode consiste, d’après la définition qu’en a donnée M. Parade, à exploiter les futaies de manière à en assurer le repeuplement naturel et complet, à en favoriser le plus possible la croissance depuis la première jeunesse jusqu’au moment de l’exploitation. Elle repose sur des faits simples, observés dans la nature et en harmonie avec les principes de la physiologie végétale.

Il n’y a plus en France de forêts vierges, mais nous en avons qui, faute d’exploitations régulières, permettent de suivre plus ou moins la marche de la végétation abandonnée à elle-même. Lorsque les arbres sont arrivés à maturité, leurs semences donnent naturellement naissance à des plants qui, après avoir végété pendant quelque temps, périssent, faute d’air et de lumière, étouffés sous le feuillage du massif principal. Cette stérile génération s’opère ainsi chaque année jusqu’à ce que les arbres qui forment l’étage supérieur