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action bienfaisante ! Bornons-nous à signaler certains districts fiévreux de la Sologne et de la Dombes. L’usage du thé n’y améliorerait-il pas, comme en Chine, comme dans la Grande-Bretagne, les fâcheuses conditions de la vie humaine ? On doit souhaiter que des relations plus largement ouvertes avec l’empire de la Chine et l’abaissement des droits mettent un jour ce produit de première nécessité à la disposition des familles souffrantes de tant de localités dont l’atmosphère contient des germes de maladie et de mort. Enfin, si l’on veut embrasser dans un rapide coup d’œil l’ensemble des faits que nous venons d’exposer, il sera facile d’en tirer aussi quelques conséquences positives. Mieux qu’aucune autre contrée du globe, la Chine réunit les conditions favorables à la culture du thé. Malheureusement, dans le commerce international avec le Céleste-Empire, une partie notable des thés préparés en vue des exportations cachent sous de belles apparences des substances étrangères insalubres. Puisque la culture et la production du thé nous sont refusées, puisqu’au moyen d’une expédition dispendieuse on veut s’assurer des relations meilleures avec le Céleste-Empire, il faut non-seulement se garder d’imiter la Chine dans la préparation frauduleuse de la feuille aromatique, il faut encore déjouer de coupables manœuvres ; il faut aussi s’efforcer de populariser le bienfaisant breuvage dans les contrées marécageuses de la France et du nord de l’Europe, où il doit intervenir comme un agent thérapeutique indispensable. Si le café et le chocolat se recommandent par leurs qualités alimentaires, appréciables surtout dans les pays chauds, le thé n’a pas un rôle moins utile à remplir en Europe, soit dans nos villes, où ses propriétés toniques peuvent exercer une action si salutaire, soit dans les campagnes déshéritées de la nature, où il opposerait un énergique antidote aux malignes influences du climat.


PAYEN, de l’Institut.