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En 1769, l’Angleterre ne recevait cependant que cinquante-six kilos de thé de la compagnie hollandaise des Indes[1]. Quelques années plus tôt, en 1763, le capitaine suédois Eckberg avait pu amener vivant en Europe le frêle arbrisseau, grâce aux précautions qu’il avait prises en plaçant, d’après les conseils de Linné, à son départ de Canton pour Gothenbourg, des graines de l’arbre à thé, fraîchement recueillies, dans des pots remplis de terre argilo-sableuse. En définitive, le rôle principal dans la culture et dans la préparation du thé reste à la Chine, mieux placée qu’aucun autre pays pour exploiter cette ressource naturelle ; c’est là aussi qu’il faut étudier les opérations destinées à introduire ce précieux produit dans l’usage et dans la consommation de l’Europe.

Les terres regardées comme les plus favorables à la végétation productive du thé se trouvent en Chine sur les coteaux situés entre le 4[2-9]e parallèle et l’équateur, plus particulièrement encore du 2[2-9]e au 3[2-9]e degré de latitude, où les températures estivales de juillet et août oscillent entre 33 et 38 degrés, tandis que, durant les mois d’hiver les plus froids, le thermomètre peut descendre à zéro. Partout en Chine on a pu constater que les terrains bas et humides, les plaines mal égouttées, qui conviennent à la culture du riz, sont très défavorables à la végétation du thé. Cet arbrisseau exige à la fois un air habituellement humide et un sol comparativement sec, léger, sablonneux, mais assez fertile pour se passer de riches fumures, et compenser par la nourriture abondante fournie à la plante l’affaiblissement que ne peut manquer de produire la cueillette répétée des feuilles. Ce n’est qu’exceptionnellement, et avec beaucoup de ménagemens, que dans cette culture on peut mettre à profit les irrigations. Si l’eau et l’humidité sont indispensables à certaines époques pour le succès de la plantation, il faut les attendre seulement des phénomènes météoriques, brouillards et pluies, qui se reproduisent assez régulièrement dans les contrées privilégiées pour la culture du thé. On a signalé, il est vrai, les beaux résultats obtenus dans les plantations du district de Hwuy-chown établies en plaine, non loin de la ville de Tun-che, mais il importe de faire remarquer que des coteaux avoisinent ces plantations florissantes, traversées d’ailleurs par une rivière encaissée de cinq ou six mètres,

  1. En 1833, l’importation du thé s’élevait à 10 millions de kilos dans le royaume-uni ; plus que triplée vingt-cinq ans après, elle y dépassa 34 millions en 1858.