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exposer les principes du gouvernement. Si quelquefois on avait pu craindre une évolution trop décidément progressiste du cabinet, le langage de M. Posada Herrera était de nature à rassurer sur ce point. Le cabinet, par l’organe du ministre de l’intérieur, se prononçait nettement et péremptoirement pour la constitution telle qu’elle existait avec les réformes récemment accomplies, en se réservant tout bas, il est vrai, de ne point présenter la loi sur les majorats, qui serait une conséquence de ces réformes. L’idée de la fusion des partis ou de la création d’un parti nouveau affranchi de toute solidarité compromettante avec le passé, cette idée était du reste complaisamment développée de façon à frapper l’esprit des électeurs.


«… Les ministres actuels, disait M. Posada Herrera, ne cesseront de seconder les bienfaisantes intentions de sa majesté en contribuant pour leur part à rétablir l’ancienne grandeur de la monarchie sur les solides fondemens de la prospérité publique, d’une moralité incontestable dans la gestion des affaires et de l’exercice loyal du système représentatif, bien inestimable que l’Espagne devra à la dynastie actuelle. Le gouvernement ne méconnaît pas les difficultés qu’il pourra rencontrer dans la pratique ; mais ces difficultés ne sont pas de telle sorte qu’elles ne puissent être vaincues… Aux préjugés enracinés, aux dissensions locales et personnelles qui se déguisent sous des noms politiques, vous pouvez opposer avec avantage les principes du gouvernement. Celui-ci ne se croit pas obligé de favoriser des partis qui prétendent fonder la monarchie, chacun sur une constitution différente, qui aspirent à établir un système administratif, chacun suivant ses vues propres, et qui voudraient livrer les fonctions de l’état à un personnel exclusif. Il n’admet pas que des partis de cette nature puissent s’appeler constitutionnels, et il ne croit pas que la nation puisse en attendre d’autres fruits que le despotisme ou l’anarchie. D’un autre côté, vous ne ferez que vous conformer aux désirs du gouvernement en acceptant l’appui de tous ceux qui veulent s’associer de bonne foi à une politique qui, en prenant pour point de départ les institutions actuelles, a pour premier objet d’en consolider l’exercice. Vous pouvez faire abstraction des dénominations, quand ceux qui les portent n’ont point sur la dynastie, sur la constitution et sur les principales questions politiques des opinions contraires à celles du gouvernement. Il l’a de toutes parts des hommes honorables qui conservent par tradition certaines dénominations qui ne signifient plus rien de réel dans la plupart des cas ; il l’a aussi une jeunesse pleine de nobles aspirations, obligée jusqu’ici de s’éloigner des affaires publiques ou de se fondre en abdiquant toute liberté, dans les anciens partis. Quand vous aurez obtenu l’appui de cette classe de personnes, vous pourrez défier les colères intempestives des factions extrêmes… »


La politique de l’union libérale ou du cabinet O’Donnell, on la pressentait sans doute ; elle trouvait ici son expression adaptée aux