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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février 1860.


La nécessité d’écrire à jour fixe sur les événemens contemporains entraîne de nombreux inconvéniens ; le plus fâcheux à notre gré est la discordance qui existe souvent entre les dates marquées par une périodicité inflexible et le développement des faits politiques. Il faut juger la pièce avant d’en avoir pu suivre jusqu’au bout l’exposition confuse ou à l’instant où une péripétie capricieuse va la précipiter à un dénoûment imprévu : ainsi le veut le retour de ces dates fatales qui se jouent du synchronisme des événemens, et tel est le désagrément que nous éprouvons particulièrement aujourd’hui.

Il nous semble en effet que nous sommes arrivés au moment où certains courans politiques qui avaient marché jusqu’ici parallèlement s’embarrassent et se ralentissent en se rencontrant et en se mêlant. Ces eaux qui semblent s’arrêter reprendront bientôt sans doute un cours décidé ; mais nous devant qui à cette heure elles tournent sur elles-mêmes en un tourbillon paresseux, nous qui ne pourrions sans la plus sotte fatuité nous figurer que nous voyons à quelques pas devant nous, sommes-nous en état de prédire dans quelle direction elles finiront par s’écouler ? Expliquons clairement notre embarras. Nous sommes en présence de plusieurs faits généraux : l’alliance anglaise et la reconstitution de l’Italie centrale. La pente de l’alliance anglaise semblait déterminée et par le traité de commerce que nous avons conclu avec l’Angleterre, et par l’adhésion que notre gouvernement paraissait donner aux vues de l’Angleterre sur la réorganisation de l’Italie. Il semblait également que l’arrivée de M. de Cavour au pouvoir dût hâter la réorganisation de la péninsule dans les conditions du droit populaire et des principes libéraux. On allait donc à un dénoûment qui n’était pas sans doute exempt de difficultés et de périls, mais qui était clair et logique. Une donnée politique que nous ne voulons pas juger en ce moment, la perspective de l’annexion de la Savoie et du comté de Nice à la France, a été récemment introduite dans les discussions publiques par des voies qui