en Europe pour qui il importe que l’œuvre du congrès soit efficace et son autorité persuasive, c’est à coup sûr l’Italie.
On n’en a point fini encore avec toutes ces épineuses questions agitées depuis si longtemps entre le Danemark et l’Allemagne, et tant que ces questions ne seront pas résolues, elles seront un sujet perpétuel d’inquiétude et de crise pour la monarchie danoise, un grief permanent et une raison incessante d’intervention pour la confédération germanique. Le Danemark s’était pourtant exécuté aussi bien qu’il l’avait pu. On lui avait signalé la constitution commune du 2 octobre 1855 comme portant atteinte aux intérêts et aux droits des duchés allemands dépendant de la couronne danoise, et il a suspendu cette constitution pour le Holstein et le Lauenbourg ; la diète de Francfort lui a fait un devoir de consulter de nouveau les Holsteinois, et il a convoqué des états provinciaux, en livrant à leur délibération la constitution même, en les appelant à formuler leurs vœux, à se prononcer sur l’organisation constitutionnelle de la monarchie. On ne pouvait aller plus loin. Il est malheureusement arrivé ce que l’excitation des esprits dans le Holstein devait laisser prévoir. Les états provinciaux des duchés ont formulé un projet qu’ils ont adressé au roi, et qui est non-seulement incompatible avec le principe de ce qu’on appelle l’état d’ensemble, mais encore impraticable, en même temps qu’il serait contraire à toute équité. Nous ne citerons qu’une des prétentions holsteinoises. Selon le projet des états provinciaux, aucune loi générale ne pourrait être adoptée, aucune dépense commune ne pourrait être autorisée que moyennant accord et consentement de quatre assemblées provinciales distinctes, séparées et respectivement indépendantes, l’une représentant quarante mille habitans du Lauenbourg, l’autre cinq cent mille du Holstein, la troisième quatre cent mille du Slesvig, et la quatrième, qui est celle du Danemark seul, représentant une population de seize cent mille âmes. On voit que l’inégalité qui en résulterait ne serait pas compensée par la facilité de ces délibérations indépendantes et rivales qui seraient comme le liberum veto'' de la monarchie danoise.
Le cabinet de Copenhague, on le conçoit, n’a pu accepter ce projet, et il s’ensuit que les duchés se trouvent provisoirement placés entre une constitution suspendue et une constitution nouvelle, sur laquelle on ne peut s’entendre. Cette anomalie n’est peut-être pas près de finir, si l’on en juge par la vieille date et les mille vicissitudes passées de ce conflit. En attendant, le gouvernement danois a pris récemment quelques mesures pour régler le mieux possible ce provisoire. Une patente royale est venue aviser à cette situation tout exceptionnelle. Il ne sera rien ordonné, en ce qui touche les duchés, sans que les états provinciaux aient été consultés. Ces états auront en même temps le droit d’adresser des pétitions sur les intérêts communs de la monarchie. La part du Holstein dans les dépenses générales sera fixée par le roi proportionnellement à la population d’après le dernier recensement. Ce n’est pas d’ailleurs que le gouvernement du Danemark renonce à rattacher constitutionnellement les deux duchés au reste de la monarchie : il va faire au contraire, une tentative nouvelle. On réunirait, sous la présidence d’un membre du gouvernement, des députés pour le Holstein-Lauenbourg et pour le Danemark-Slesvig en nombre égal, sept pour chaque partie ; ces députés seraient élus par les états provinciaux holsteinois