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ADAM SMITH


I. Recherches sur la Nature et les Causes de la Richesse des nations, par Adam Smith, nouvelle édition, avec des notes et une table analytique, par M. Joseph Garnier ; 3 vol. in-18, 1859. — II. Théorie des Sentiment moraux, par le même, nouvelle édition, avec des notes et une introduction par H. H. Baudrillart, 2 vol. in-18, Paris, Guillaumin.



I

Dès que commence la seconde moitié du XVIIIe siècle ; on voit naître l’économie politique sur presque tous les points de l’Europe à la fois. En Italie, Verri et Beccaria jettent les premiers fondemens de cette nouvelle science, et, ce qui vaut encore mieux, l’administration du comte Firmiani en Lombardie, celle du grand-duc Léopold de Toscane, en pratiquent les principes naissans pour le bonheur des populations. En Espagne, Campomanès, que va bientôt suivre Jovellanos, fait entendre dans le pays classique des monopoles, du système prohibitif et des préjugés monétaires, bon nombre de vérités utiles qui ne l’empêchent pas de devenir président du conseil de Castille. En France, le médecin de Louis XV, le docteur Quesnay, publie son Tableau économique, et autour de lui se presse un groupe d’amis et de disciples, Gournay, d’Argenson, Mirabeau père, Lemercier de La Rivière, Dupont de Nemours, et enfin le plus illustre de tous, Turgot. En Angleterre, où, depuis la révolution de 1688, tout ce qui peut contribuer au bon gouvernement des nations était plus librement étudié qu’ailleurs, une foule de publications se succèdent sur les questions d’intérêt public, et l’économie politique arrive à trouver sa forme à peu près définitive dans les travaux d’un simple professeur écossais, Adam Smith. On s’est beaucoup demandé