tout simple, la démolition du prétendu temple protestant. Si de pareilles idées se produisaient spontanément, même parmi des gens instruits, quel effet ne devait-on pas attendre d’une pièce telle que la lettre pastorale de l’archevêque, tombant dans un jour d’excitation politique au milieu des masses populaires ! Mais il y eut plus encore. Le clergé, poussé à bout en voyant que le parti national, favorable à l’administration, triomphait le premier jour des élections dans presque toutes les paroisses, fit distribuer au peuple une proclamation de nature à exalter son fanatisme jusqu’au délire, en lui désignant nominativement le président de la république comme l’ennemi de la religion et de Dieu. Cette proclamation fut imprimée dans l’imprimerie du Conservateur, qui était soutenue par les pelucones et les ultramontains ; c’est une pièce vraiment curieuse, et il serait dommage que l’Europe n’en eût pas connaissance. La voici :
« Catholiques !
« Le gouvernement qui vous opprime jura, quand il ambitionnait le pouvoir, qu’il protégerait la religion du Crucifié, qui fut le premier à dire : Tous les hommes sont frères et égaux. Le fils de Dieu trempa ainsi les armes avec lesquelles les tyrans sont combattus, et prépara l’avènement au pouvoir de ceux qui étaient opprimés et déshérités. C’est justement pour cela qu’il est abhorré par Montt et Varas.
« C’est pour cela que ceux-ci protègent, contrairement à la loi, l’exercice d’un culte qui n’est pas le nôtre. Aux yeux des catholiques, tous les hommes sont frères ; nous aimons même mieux ceux qui sont dans l’erreur, parce qu’ils sont plus dignes de pitié ; mais nous ne protégeons pas la propagation des mauvaises doctrines, ainsi que le font Montt et Varas, qui ne sont ni catholiques ni protestans, mais des athées qui nient l’existence de Dieu à cause de leur haine pour la liberté. S’ils étaient chrétiens, ils ne seraient pas cruels, sanguinaires et amis du scandale. Jésus-Christ mourut pour les pauvres qui étaient les opprimés, et ceux-là leur arrachent le fruit de leurs travaux et leurs droits naturels, civils et politiques.
« Contre les sectaires de la plus mauvaise des doctrines, celle qui refuse au pauvre même l’espérance de recevoir dans le ciel le prix de ses vertus, on doit combattre avec abnégation et courage. Il existe différentes manières de combattre les mauvaises doctrines : nous les combattons en prêchant, le peuple les combat en travaillant pour rendre positives les garanties offertes par la constitution.
« En votant pour l’opposition, on travaille pour la religion catholique.
« QUELQUES PRETRES. »
Malgré tout, le résultat des élections fut, ainsi qu’il a déjà été dit, favorable au parti national. À l’exception de la minorité de la chambre des députés, le congrès présentait un accord qui semblait un gage d’ordre et de sécurité pour le pays. Cependant jamais, en consultant