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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1859.

Bien que, par un temps pacifique, les événemens ne puissent faire beaucoup de chemin en une quinzaine de jours, si peu que les choses se soient déplacées dans un si court intervalle, c’est assez pour que les perspectives du paysage politique se modifient aux yeux de l’observateur. Les objets que l’on a devant soi sont les mêmes, mais ils ne présentent plus les mêmes lignes, ils changent de plan, ils forment des groupes différens ; une autre distribution de lumière et d’ombre les met en saillie ou les éteint, C’est une de ces variations d’aspect que nous avons à constater, en comparant le point de vue d’aujourd’hui à, celui des premières semaines du mois. Aujourd’hui comme il y a quinze jours, nous avons devant nous les mêmes questions : l’état de l’Italie centrale, nos rapports avec l’Angleterre, le travail intérieur de l’Allemagne, le congrès ; pourtant ce n’est plus le même tableau. Au commencement du mois, la question qui venait sur le premier plan et saisissait l’attention était la question anglaise : en étions-nous avec l’Angleterre à la veille d’un refroidissement sérieux ? Un moment, la question de l’Italie centrale a tout dominé : l’Italie pourrait-elle vivre jusqu’au congrès en ayant la vertu et le bonheur de maintenir l’ordre dans la situation révolutionnaire que lui ont faite les événemens de cette année ? L’horizon était tout noirci de ces doutes. Aujourd’hui ces difficultés, éclaircies par quelques changemens de dispositions, reculent et cèdent le devant de la toile à un fait qu’il faut bien accueillir comme un événement heureux, puisque tant de vœux l’ont appelé et que l’accomplissement en a été si longtemps et si impatiemment attendu. La convocation du congrès, voilà l’intérêt du jour. Décidément les lettres par lesquelles la France et l’Autriche invitent les autres puissances à délibérer avec elles sur les affaires d’Italie viennent de partir. Comme l’on doit se croire sûr des réponses que recevra cette invitation, la réunion du congrès s’offre à nous, non plus comme un problème, mais comme une certitude. Sur le fait du moins de la réunion des puissances,