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LES
CONSOLATIONS RELIGIEUSE
D'UNE AME PROTESTANTE

Les Horizons prochains, 1 vol. — II. Les Horizons célestes, 1 vol., 1859.



Il n’y a rien ici-bas qui soit supérieur au sentiment religieux, quelle que soit la doctrine qui l’inspire, large ou mesquine, étroite ou profonde, et quel que soit le cœur qu’il remplit, audacieux ou timide, humble ou orgueilleux. Ce sentiment a des vertus de toute sorte ; cependant sa plus surprenante qualité, ce n’est pas d’être la consolation la plus efficace qu’on puisse rencontrer sur cette terre, ni l’agent moral le plus actif dans le labeur de la vie, mais d’être la seule source inépuisable d’intelligence et de sympathie qui puisse s’ouvrir en nous. Dès qu’une âme est sincèrement pénétrée de religion, elle est apte à tout comprendre comme à tout souffrir, elle est égale aux plus grandes choses aussi bien que digne des plus grandes douleurs. Rien ne lui reste étranger de ce qui est vraiment humain : sans s’abaisser, elle sait découvrir le mérite caché des œuvres les plus humbles ; sans se guinder, elle sait se mettre au niveau des plus élevées. Elle sait tout comprendre, parce qu’elle sait tout aimer, et en tout lieu elle est chez elle, parce qu’en tout lieu elle se sent la sœur des âmes qui l’entourent. C’est un lieu-commun mille fois répété et mille fois combattu, que la vraie religion est naturellement tolérante, mais un lieu-commun dont personne n’a essayé de montrer la profondeur. Bon nombre de croyans nient ce lieu-commun,