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la fin du siècle dernier jusqu’à l’époque actuelle a subi une diminution qui n’est pas de moins de deux jours. Cette découverte, de l’accélération d’une comète a été par M. Faye appelée à bon droit une des plus belles de ce siècle. Essaierai-je d’expliquer pourquoi la révolution complète d’un astre autour du soleil devrait s’opérer de plus en plus vite, si l’astre, au lieu de flotter dans un vide absolu, avait, comme un vaisseau qui fend les ondes, à vaincre une résistance ? Un obstacle permanent tendant sans cesse à diminuer la vitesse, l’attraction du soleil central aurait un effet de plus en plus prépondérant, puisqu’elle est la seule force qui, en se combinant avec la vitesse acquise, maintient les corps célestes dans les orbites qu’ils parcourent. Que ceux-ci rencontrent dans l’espace une continuelle résistance, et leur marche subira la même altération qu’elle éprouverait si, le vide interplanétaire étant parfait, la force attractive de l’astre central allait en grandissant de plus en plus. Mais qui ne sent instinctivement, sans qu’il soit besoin de le démontrer, que, dans ce cas, tous les corps qui forment le cortège du soleil se mettraient à opérer autour de lui des révolutions de plus en plus rapides ? Sur notre terre, les années, au lieu d’être d’une longueur invariable, se raccourciraient graduellement, et les saisons s’y succéderaient à de moindres intervalles.

Pour bien comprendre l’hypothèse de M. Encke, il faut savoir qu’il suppose que le fluide résistant est d’autant plus condensé qu’il est plus rapproché de l’astre central du système ou du soleil ; c’est pour cela que les effets d’accélération ne se constatent que sur les corps qui, comme la comète d’Encke, en sont bien rapprochés. M. Faye a contesté l’existence d’un tel milieu résistant, en employant, il est vrai, des argumens dont M. Leverrier, son contradicteur inattendu, n’a pas eu beaucoup de peine à démontrer l’insuffisance. En étudiant les phénomènes que présente la comète de Donati, en voyant la queue se développer avec une vitesse de huit lieues par seconde à contre-sens de la pesanteur, M. Faye a pensé que la radiation solaire pouvait elle-même exercer des effets de répulsion mécanique sur des matières d’une densité très atténuée ; il a présenté cette hypothèse nouvelle à la place de celle que M. Encke avait formulée. Toutes les apparences compliquées des comètes, la division des queues, les rayons supplémentaires, etc., s’expliquent, si l’on admet certaines relations entre la radiation solaire et les matières qui en subissent l’influence. Quel que soit le mérite d’une semblable hypothèse, dont le germe se trouve déjà dans les travaux de Kepler, de Gregory et de Laplace, la plupart des savans imiteront sans doute la réserve avec laquelle M. Encke a cru devoir l’accueillir. « Dans l’état actuel de nos connaissances, la discussion sur ce point,