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encore d’une grande obscurité, et il faut attendre de nouvelles observations pour décider de la nature physique des noyaux de condensation.

La comète de Donati a présenté un autre phénomène extrêmement curieux, et qui paraît avoir échappé tout à fait aux astronomes européens : c’est la formation de queues supplémentaires. Aux États-Unis au contraire, ce phénomène a été observé non-seulement à Cambridge, mais encore à Albany, dans l’état de New-York, où se trouve l’un des observatoires américains. Parmi les excellentes observations de M. Bond, voici celles qui se rapportent à ce curieux mode de subdivision des queues dans les comètes : « Le 27 septembre, on vit un appendice nouveau sous forme d’un long et étroit rayon partant du côté convexe de la queue ; cet appendice ne suivait point la courbure de la queue proprement dite, mais se projetait presque en ligne droite du côté opposé au soleil. Cette apparence, coïncidant avec le détachement d’une nouvelle enveloppe, suggère l’idée que ces deux phénomènes sont de façon ou d’autre en connexion mutuelle… En supposant que la matière qui forme cet appendice se soit échappée dans sa nouvelle direction le 25 du mois, sa vitesse doit avoir atteint huit ou dix millions de milles par jour. D’autres comètes ont montré des rayons semblables. Celle de 1843 en a lancé à une distance beaucoup plus grande. Celle qui apparut en 1744 en avait, dit-on, jusqu’à six, disposés comme un éventail. » On aperçut encore le long rayon étroit et en ligne droite le 2 octobre ; deux jours après, au lieu d’un, on en voyait deux, qui avaient chacun plus de cinquante millions de milles de longueur et n’étaient que très faiblement courbés. Le 6 du même mois, « l’un des rayons supplémentaires atteignait encore cette distance et dépassait un peu la queue principale, toujours dans la direction du soleil. D’autres rayons moins parfaitement développés pouvaient être discernés près d’un point où la courbure de la queue principale changeait assez sensiblement. Le 8 octobre, cinq ou six bandes transversales pouvaient être distinguées dans la queue ; elles avaient un demi-degré de largeur, des contours nets et bien définis, et ressemblaient parfaitement aux rayons des aurores boréales, sauf l’immobilité, c’est-à-dire l’absence de mouvement sensible à l’œil ; elles divergeaient d’un point placé entre le soleil et le noyau… La queue atteignit ses plus grandes dimensions apparentes le 10, et remplissait un arc de 60 degrés, correspondant à cinquante et un millions de milles, ou un peu plus de la moitié de la distance du globe terrestre au soleil. À la distance de 20 ou 30 degrés du noyau, la distribution de la lumière de la queue en bandes parallèles ou légèrement divergentes, alternant avec des espaces foncés, était très