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présenter du côté où ils n’en reçoivent pas les rayons une ombre qui, aperçue par un observateur terrestre, dessinerait un croissant obscur sur le côté opposé au soleil. L’épaisseur relative du croissant obscur devrait d’ailleurs se modifier légèrement à mesure que les positions relatives de la lune et de la comète changeraient par rapport au soleil, de même que nous voyons notre satellite entrer dans ses diverses phases pendant qu’il opère sa révolution mensuelle. Mercure, Vénus et Mars nous offrent aussi des phases : on a cru à plusieurs reprises en reconnaître sur des noyaux de comètes. M. Cacciatore à Palerme a donné les dessins de prétendues phases de la comète de 1819 ; mais Arago, en discutant ses observations, a montré que la forme des ombres indiquées par Cacciatore ne peut guère être mise en harmonie avec la marche même de la comète, et il était disposé à ne voir dans ces taches noires que des irrégularités accidentelles. Arago parvint plus tard à démontrer, par des observations plus décisives, mais d’une nature toute différente, que la lumière des comètes est, au moins en partie, empruntée : il montra en effet que cette lumière jouit des propriétés qui caractérisent la lumière réfléchie et polarisée, comme disent les physiciens, par l’acte de la réflexion ; mais cette curieuse découverte n’a enlevé aucune importance aux observations faites en vue de reconnaître dans les comètes l’existence de phases véritables. M. Bond en mentionne quelques-unes ; il écrivait, dans son observation du 30 septembre 1858 : « Le noyau est tronqué et en forme de demi-lune. L’axe foncé, qui à l’origine est presque noir et a même largeur que le noyau, complète l’analogie avec une phase et une ombre. Il y a des objections à cette explication, quoiqu’au premier abord elle soit très plausible. Chaque nouvelle enveloppe, à mesure qu’elle émerge du noyau, a une forme de croissant qui rappelle le phénomène des phases, bien qu’elle soit certainement partout traversée par la lumière solaire ; une très petite enveloppe, qui resterait encore adhérente au noyau, pourrait ainsi expliquer la forme particulière de ce dernier. L’axe noir tient une trop grande place dans la queue pour qu’on puisse admettre avec quelque probabilité qu’il est causé par l’interposition sur le trajet de la lumière d’un corps aussi petit que le noyau. Il est d’ailleurs courbé, ce qui ne pourrait se produire d’une manière sensible dans une ombre. Peut-être deux phénomènes sont ici superposés : une comparative diminution de nébulosité dans les parties centrales de la queue et une ombre véritable, perceptible seulement à une petite distance, près de la tête de la comète, où en tout cas il faut admettre une concentration de matière nébuleuse suffisante pour qu’une ombre puisse y marquer son contour, si réellement elle existe. » La question des phases cométaires est donc entourée