que l’on refusait de le recevoir dans la capitale, et que, dans tous les cas, la cérémonie du ko-tou était exigée des ambassadeurs étrangers admis à la cour. Que l’on juge si, après une pareille odyssée, le diplomate russe avait lieu d’être bien satisfait des Chinois ! Le ministre américain s’était tenu plus tranquille, mais il n’en pensait pas moins sur l’ensemble des relations avec le Céleste-Empire, et notamment sur la ville de Canton, où, peu d’années auparavant, un commodore s’était vu obligé d’envoyer pour son propre compte quelques bordées de sa frégate. L’un et l’autre accueillirent donc avec empressement l’ouverture qui leur était faite par les ambassadeurs pour concerter leurs efforts et agir en commun par la voie diplomatique, et ils déclarèrent que leurs instructions les engageaient à seconder les démarches des représentans de la Grande-Bretagne et de la France, en ne s’arrêtant que devant le cas de guerre. Voilà là vérité sur l’attitude des États-Unis et de la Russie.
Il fut ainsi convenu que les représentans des quatre puissances transmettraient simultanément leurs propositions au gouvernement impérial, sous l’adresse du premier ministre et par l’entremise du gouverneur-général des deux Kiangs et du gouverneur de Kiang-sou, province dans laquelle est située Shang-haï. Comme il n’y avait plus de vice-roi à Canton, ce mode de communication paraissait le plus facile. M. Oliphant, secrétaire de lord Elgin, et M. de Contades, secrétaire de l’ambassade française, furent chargés de porter les dépêches, dont la remise eut lieu à Sou-tchou, le 26 mars 1858, entre les mains du gouverneur, qui accueillit très poliment les envoyés européens, et promit d’expédier sans délai à Pékin les notes des plénipotentiaires. Nous avons sous les yeux le texte de la note de lord Elgin, en date du 11 février. Ce document marquant le premier pas des négociations engagées, il importe de le résumer et même d’en reproduire quelques extraits, qui feront connaître à la fois le sens et la forme des propositions présentées par l’ambassadeur anglais.
Après avoir rappelé les incidens survenus à Canton, les justes demandes de l’Angleterre et de la France, la correspondance échangée avec le vice-roi, les réponses dilatoires et évasives de ce haut fonctionnaire, lord Elgin annonçait au principal ministre de l’empereur que les alliés, se bornant à l’occupation militaire de Canton, s’abstiendraient pour le moment de reprendre les hostilités, et que les deux ambassadeurs allaient se rendre à Shang-haï, où ils seraient disposés à traiter avec un représentant dûment accrédité par l’empereur de Chine pour le règlement amiable de toutes les questions en litige. Puis, sans entrer dans les détails, il signalait les divers points qui lui paraissaient pouvoir former la base de sérieuses négociations : la révision des tarifs de douane et l’examen des droits