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des esprits, secondée un jour ou l’autre par l’imprévu et la force des événemens.

Nous notons, parmi les faits préparatoires, la proposition présentée à la diète par quelques états secondaires, et tendant à la révision de l’organisation militaire de la confédération. Cette proposition est une niche que les petites cours ont voulu faire à la Prusse. C’est la Prusse, disent-elles, non sans raison, qui encourage sous main l’agitation réformiste, tout en désapprouvant officiellement les tendances du mouvement qui seraient dirigées contre les droits des princes confédérés ; c’est la Prusse qui pour couvrir la faiblesse et l’irrésolution de sa politique pendant la guerre d’Italie, objectait les vices de l’organisation militaire de la confédération. La jeune Prusse, la Prusse libérale, qui pousse aux réformes, n’en propose pas ; elle signale les vices de la machine fédérale, sans indiquer aucun remède. Les états secondaires ont cru faire un habile coup de partie en mettant un terme à ces ambiguïtés de la politique prussienne. « En gardant la conviction que les institutions fédérales suffisent à toutes les crises, pourvu qu’elles soient exécutées avec sincérité et bonne foi, » les petites cours ont proposé à la diète de faire examiner les réformes dont la constitution militaire serait susceptible, se montrant en même temps disposées à accueillir avec empressement toute proposition de réforme des institutions fédérales qui, bien entendu, ne violerait pas les bases légales de la constitution existante. Dans la pensée des états secondaires, c’était une mise en demeure signifiée à la Prusse. La proposition a été renvoyée au comité militaire, qui a présenté son rapport dans la dernière séance. Il n’est pas douteux que la révision ne soit votée à l’unanimité ; reste à savoir quelles en seront les conséquences pratiques. En attendant, une nouvelle proposition de réforme a été présentée par le gouvernement de Bade. Il s’agit cette fois d’établir un tribunal fédéral. L’opinion réclame depuis longtemps en Allemagne l’institution d’un tribunal supérieur, qui serait appelé à connaître non-seulement des questions litigieuses qui s’élèvent entre les états de la confédération, mais encore des plaintes que peuvent avoir à formuler les corporations constitutionnelles et même les simples citoyens contre les actes arbitraires de leurs gouvernemens. Un projet avait été élaboré dans ce sens lors des conférences de Dresde en 1851 ; il n’en avait plus été question depuis cette époque. On comprend l’importance qu’aurait la proposition badoise, si elle répondait aux vœux tout entiers de l’opinion. On dit qu’elle n’a point cette étendue, et qu’elle restreint l’autorité du tribunal projeté aux simples litiges entre états. Nous attendons, pour en apprécier la portée, la publication officielle de la proposition badoise.

L’antagonisme de la Prusse et de l’Autriche vient au surplus de se réveiller sur une question qui a passionné l’Allemagne il y a neuf ans ; est-ce de cette nouvelle lutte que sortiront les événemens qui peuvent seuls seconder une sérieuse réforme fédérale ? Le champ de bataille est le même que celui qui porta autrefois malheur à la politique prussienne : c’est la Hesse électorale. On se souvient des tristes aventurés de ce pays, à qui sa constitution fut enlevée parce que ses représentans refusaient de sanctionner la dilapidation avérée de ses finances, que son prince livrait au despotisme d’un ministre aventurier, M. Hassenpflug, lequel avait été forcé, par une condamnation