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la pauvreté de ses parens ne lui permit pas d’y rester longtemps, et il dut, fort jeune encore, entrer comme apprenti dans l’atelier de son père, qui exerçait l’état d’horloger et réglait habituellement les chronomètres des vaisseaux du port. La vocation du jeune Bond pour l’astronomie se marqua de très bonne heure, car à cette époque il imaginait déjà des appareils pour prendre des mesures dans le ciel, afin de contrôler la marche des chronomètres. Il notait le passage des astres au méridien, en les observant par une ouverture qu’il avait pratiquée dans le mur de sa maison. Il n’avait alors pas tout à fait dix-sept ans ; une éclipse totale de soleil, qui eut lieu en 1806 aux États-Unis, attira plus vivement encore son attention vers les phénomènes célestes ; en 1811, il découvrit le premier en Amérique la fameuse comète qui est restée si célèbre, et publia à ce sujet quelques observations qui furent consignées dans les mémoires de l’académie américaine avec des remarques de M. Farrar, alors professeur à Cambridge. Le docteur Bowditch donna des encouragemens au jeune astronome et lui fit confier en 1815, par Harvard College, une mission importante en Europe. Bond fut chargé d’inspecter les observatoires anglais de Greenwich, de Richmond et de Slough, et de faire un rapport sur la construction de ces établissemens, sur les instrumens, sur les perfectionnemens les plus récens de l’astronomie d’observation. Il s’acquitta consciencieusement de cette tâche, et à son retour construisit un modèle de dôme mobile pour une lunette équatoriale. Il établit ensuite, sur l’échelle la plus modeste, un petit observatoire où il commença d’étudier les occultations et les éclipses.

Quand le gouvernement des États-Unis envoya dans les mers du sud l’expédition du commodore Wilkes, il confia à M. Bond le soin de faire des observations pareilles à celles que les officiers de l’escadre étaient chargés de recueillir pendant leur voyage : ces observations devaient embrasser la météorologie, le magnétisme, les culminations lunaires, les éclipses des satellites de Jupiter. M. Bond n’avait alors que son petit observatoire à Dorchester ; le vénérable Josiah Quincy, président de l’université de Cambridge, lui proposa d’y transporter ses instrumens, et mit à sa disposition ce que l’université possédait elle-même. M. Quincy songeait déjà à fonder un véritable observatoire et à doter sa patrie d’une institution qui lui faisait défaut. Il accompagna sa proposition des offres les plus généreuses, s’engageant à fournir à M. Bond une maison, et s’inscrivant en tête d’une souscription dont il destinait le produit à l’érection d’un observatoire véritable. La modestie de M. Bond recula devant la position officielle qui lui était offerte. Qu’avait-il été jusque-là ? Un simple artisan, voué par goût à l’astronomie. Ses habitudes