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et surtout à l’est de l’Adda, on cultive aussi le lin, qui se vend sur pied de 400 à 500 fr. par hectare, ce qui est peu, car en France, dans le département du Nord, et en Belgique, dans la Flandre, ce produit, sur une même étendue de terrain, vaut de 800 à 1,100 francs. En Lombardie, après le lin, on obtient encore en récolte dérobée du millet ou du maïs quarentin. On rencontre aussi le mûrier et la vigne dans cette région, surtout dans les provinces de Crémone et de Mantoue ; ils y croissent avec une admirable vigueur, et on y fait d’assez bon vin. Cette partie de la contrée, où domine une terre profonde et compacte, et où les irrigations sont rares, produit en abondance des céréales et du chanvre. La rotation quadriennale y est fort en usage : froment avec trèfle pour la première année ; pour la seconde, trois coupes de trèfle ; pour la troisième, lin avec millet ou maïs quarentin en récolte dérobée ; pour la quatrième, maïs. Quoique l’agriculture ait fait des progrès depuis quelque temps dans cette partie du pays, elle y est cependant encore plus arriérée que dans aucune des autres provinces. Au contraire, dans le Bas-Milanais et dans les provinces de Pavie et de Lodi, elle ne paraît plus guère susceptible de grands perfectionnemens ; la terre, couverte de riz et de gras herbages, donne tout ce qu’elle peut donner.

Dans toute la région des basses plaines, on ne trouve que de grandes cultures, et par suite de grands propriétaires, car on rencontre parfois la petite culture combinée avec la grande propriété, mais on n’a jamais vu jusqu’à ce jour la grande culture se développer avec la petite propriété. L’extension des exploitations varie de 100 à 300 hectares, les bâtimens sont vastes, bien construits, et contiennent une maison commode pour le fermier, de grandes étables et d’énormes granges et fénils ; mais les habitations des ouvriers sont en général de misérables chaumières, mal entretenues et malsaines à cause de l’eau des rizières, qui souvent les entoure de tous côtés. Le pays est entrecoupé de canaux et de fossés au bord desquels croissent des saules, des peupliers, des chênes, qui fournissent du bois de chauffage et de construction. Les fermes sont garnies de grands troupeaux de 80 à 100 vaches, ordinairement magnifiques, achetées en Suisse, et nourries avec les excellens herbages des prés et des marcite. Le lait de ces vaches est destiné à faire le formaggio di grana, ou fromage du Parmesan, que nous avons déjà cité parmi les produits importans du pays. Pour faire une forma de fromage par jour, ce qui est le mode le plus avantageux, il faut le lait de 80 vaches ; aussi les fermiers dont les troupeaux sont trop peu nombreux sont-ils obligés de s’associer et de mettre leur lait en commun, ou bien de le vendre à un fabricant de fromage.

Les fermes sont généralement louées pour une somme fixée en