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Les sources de prospérité de la Lombardie, dont nous avons indiqué rapidement les principales, ne pourront manquer de se développer par suite de la réunion avec la Sardaigne. Cette union est un fait préparé et amené par la nature même des choses, car les provinces lombardes sont en réalité la continuation de la partie orientale du Piémont. Tout est semblable, mœurs, besoins, habitudes, traditions, croyances, systèmes de culture, contrats agraires, organisation sociale, nature du terrain, production du sol, etc. La liberté apportée aux Lombards réveillera en eux l’esprit d’initiative individuelle et l’esprit d’association, qui déjà produisent d’heureux résultats en Sardaigne, et qui semblent incompatibles avec le despotisme. Les dispositions libérales du nouveau tarif sarde et les communications, chaque année plus fréquentes, plus suivies, que Gênes entretient avec les pays d’outre-mer et avec les ports de l’Europe, permettront à la Lombardie d’exporter au loin ses riches produits et de se procurer avantageusement les machines, les draps, le coton, les denrées coloniales, etc., qu’elle tire de l’étranger. Le mouvement des capitaux, l’activité générale qui se manifestent toujours chez les peuples affranchis et rassurés sur un avenir dont ils sont les maîtres désormais, ne tarderont point à étendre les industries naturelles dont la Lombardie produit les matières premières, ou même à en faire naître d’autres ! Que manquait-il à cette belle contrée pour être l’une des plus favorisées de la terre et la plus prospère de l’Europe ? Une seule chose, la liberté. Tout fait espérer, maintenant qu’elle en jouit, qu’elle saura en user de façon à développer ses ressources matérielles en même temps que ses forces morales et intellectuelles.


II

Pour se faire une idée exacte des ressources d’un pays, il ne suffit pas d’énumérer ses produits et d’en indiquer la valeur, il faut en outre montrer dans quelles conditions la production s’opère. C’est la seule manière de se rendre compte des sources réelles de prospérité qu’il possède, et des progrès qu’il peut encore accomplir. Ce n’est qu’en voyant comment le travail se fait dans le présent, qu’on apprécie ce que dans l’avenir il peut créer de richesses en tirant parti des avantages donnés par la nature. Il est donc nécessaire, après le rapide coup d’œil qu’on vient de jeter sur les produits du sol lombard, d’examiner de plus près les procédés suivis par l’agriculture. On nous permettra d’entrer ici dans quelques détails, qu’on pourra trouver un peu minutieux, mais qui sont indispensables, si